Laurent Fignon aura vécu jusqu'au bout sa passion pour le cyclisme. Décédé d'un cancer, le 31 août 2010, l'homme à la queue de cheval et aux lunettes dorées avait tenu à commenter le Tour de France, malgré la maladie qui finirait par l'emporter un mois plus tard. A trois jours du Grand départ du Tour de France 2014, France 2 a tenu à rendre hommage au double vainqueur de l'épreuve. Samuel Le Bihan a accepté d'interpréter l'ancien coureur de Renault-Gitane dans les derniers mois de sa vie, dans La Dernière Echappée, un téléfilm réalisé par Fabien Onteniente, diffusé ce soir sur France 2 (voir vidéo en bas d'article).
L'acteur Samuel Le Bihan apparaît métamorphosé pour ce rôle aussi bien physiquement que sur le plan de l'interprétation. « Cela a d'abord été un gros travail de lecture sur les livres écrits par Laurent Fignon et celui de son épouse, Valérie. La production m'avait pris un abonnement à l'INA, donc j'ai pu regarder beaucoup d'images d'archives afin de voir sa façon de se tenir, de sourire, ses expressions, son attitude sur le vélo... J'ai aussi passé du temps avec Valérie Fignon et Vincent Barteau, son meilleur ami, qui est devenu mon coach en vélo. Ce lien affectif avec eux m'a rapproché de Laurent », a confié l'acteur au Figaro. Et de confesser que la scène où Laurent Fignon craque à l'antenne du Tour 2010 a été la plus émouvante à tourner. Notamment de par la présence de Thierry Adam et Jean-Paul Olivier, présents à ce moment.
Quand on évoque Laurent Fignon, c'est souvent pour parler du sempiternel Contre-la-montre et de la blessure à l'entrejambe qui fit perdre le Tour à FIgnon en 1989, pour 8 secondes, face à Greg LeMond. Et pourtant, sa légende, le double vainqueur du Tour l'a forgée sur les pentes de la Plagne, lors de la 18e étape du Tour 1984. Pedro Delgado, Greg LeMond, Bernard Hinault, tous sont là, comme cloués au bitume, lâchés au train par un Laurent Fignon éclaboussant la course de toute sa classe et sa maîtrise. Une ascension de légende, visible dans la vidéo ci-dessous.
Laurent Fignon, en homme et sportif des années 1980, avait déjà goûté à la cocaïne et aux amphétamines. Dernier champion de l'ère pré-EPO, Fignon était le représentant d'un vélo des années « hippies, sérieuses mais déconneuses ». Une anecdote savoureuse est racontée dans son livre Nous étions jeunes et insouciants, publié en 2009, chez Grasset. Celle de l'ultime étape de la Vuelta 1987, où son équipe, sous la férule de Guimard, « accepte 30.000 francs par coureur pour ne pas inquiéter le leader, le Colombien Luis Herrera. Mais Fignon accélère, à la fureur du Colombien, qui triomphe cependant, offrant sans rancune une tournée de coke », rappelle Le Point.
Un Fignon, loin de se réfugier dans une fausse candeur qui achève son ouvrage sur ces mots : « Du début à la fin, qu’on m’ait aimé ou non, qu’on ait été impressionné par mes exploits ou non, qu’on ait vu ou refusé de voir en moi un champion d’exception, je suis resté Laurent Fignon. Rien que Laurent Fignon. Moi et rien d’autre en somme. Ni un fantasme ni une transposition. Juste un homme qui fit tout ce qu’il put pour se frayer un chemin vers la dignité et l’émancipation. Être un homme. »