Ca y est ! L'Académie des César vient enfin de nous dévoiler la première liste qui compte pour la fameuse cérémonie : les noms des 32 talents en lice pour être nommés parmi les meilleures révélations. César de la Révélation féminine, et masculine. Autrement dit, l'avenir du cinéma français.
Parmi ces noms, des évidences, comme Raphael Quenard, l'une des plus réjouissantes découvertes du paysage hexagonal - l'occasion pour nous de vous recommander plutôt deux fois qu'une Chien de la casse, impressionnant film rural sur les amitiés masculines, où l'acteur nous a sidéré par son talent brut.
Mais l'on pourrait aussi citer Paul Kircher, le protagoniste du Règne animal, et Rebecca Marder, binôme de la tout aussi remarquable Nadia Tereszkiewicz dans Mon crime, la comédie post-MeToo de François Ozon.
Cependant, parmi ces heureux et heureuses élu(e)s, un talent se différencie par son très jeune âge : Kim Higelin, 23 ans à peine. C'est elle qui dans Le consentement, le succès surprise de cette rentrée, interprète Vanessa (Springora), prise aux griffes de Gabriel Matzneff...
Une partition complexe, "touchy", douloureuse. Césarisable ?
Kim Higelin, future Césarisée ? Et pourquoi pas ?
Le rôle de Vanessa Springora était loin d'être une évidence. Dans le film choc de Vanessa Filho, inspiré du récit éponyme de l'autrice, émane effectivement une violence psychologique, celle de l'emprise et de la domination, mais qui s'entremêle vite à quelque chose de plus cru encore : des séquences explicites, présentant frontalement l'intimité entre Vanessa et Gabriel Matzneff. Le public se retrouve prisonnier de ces malaises éternisés à l'image.
On imagine aisément les difficultés éprouvées durant le tournage de ces scènes. L'enjeu étant de ne pas sombrer dans ce que le film dénonce précisément : une sexualisation déplacée, aux antipodes d'un discours critique sur le pouvoir et les violences sexuelles. C'est justement ce qu'a déploré une autre grande autrice, Christine Angot, considérant qu'avec ce genre de scènes... "Matzneff doit se frotter les mains". Un grand motif de polémique !
Et Kim Higelin dans tout cela ? Et bien, elle réalise justement un enjeu d'importance elle aussi : accepter le rôle d'une jeune fille manipulée, dont la prise de conscience va prendre du temps, partition qui exige à la fois passivité et force, paradoxe au coeur du jeu. Un équilibre très compliqué. Surtout lorsqu'il s'agit de rivaliser avec un Jean-Paul Rouve glaçant - dans un rôle qui a beaucoup coûté émotionnellement à l'acteur, pas vraiment remis de cette expérience...
Kim Higelin elle-même s'était exprimée sur sa performance...
On l'écoute sur TF1 : "C'est un rôle unique, c'est certain. Mais je n'avais pas peur. En revanche, je me suis demandée si j'allais être assez juste. Si j'allais être à la hauteur. Un sentiment propre à tous les acteurs, je crois".
"Et puis la lecture du scénario m'a donné de la force. Je ne pouvais qu'être qu'admirative du courage de Vanessa Springora. Je ne pouvais qu'être en empathie avec ce qu'elle a vécu."
"ll fallait que mes émotions soient au diapason de celles exprimées par Vanessa dans son livre. Je ne devais faire ni plus, ni moins. La vraie peur, elle pouvait être là. Pour le reste, j'étais portée par la bienveillance de Vanessa Filho qui a juste été extraordinaire à mes côtés."
Une communion qui a porté ses fruits. Et pourrait convaincre l'Académie.