C'était il y a trois ans, et ce fut un cataclysme. Un livre-choc s'imposât alors dans les librairies : Le consentement de Vanessa Springora. L'ex directrice des éditions Julliard y relate comment, à l'âge de 14 ans seulement, elle a été prise entre les griffes de l'écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. A travers cela, elle évoque aussi bien l'emprise, minutieuse, et l'impunité, que l'aspect mortifère d'un certain milieu culturel.
Milieu que d'aucuns décrivent cependant comme celui des "Belles lettres"... Un témoignage qui vint bousculer les lignes, remettant au centre de tout les enjeux de société cristallisés par "l'affaire Matzneff". Et alors que ce récit a été adapté au cinéma, transposition attendue en salles le 11 octobre (réalisée par Vanessa Filho, Kim Higelin y incarne Vanessa Springora, et Jean-Paul Rouve, Gabriel Matzneff), l'autrice prépare déjà un second roman.
Mais sur quoi portera donc ce retour très attendu ?
Trois ans plus tard, Vanessa Springora peine encore à penser l'après-Consentement. Et ce malgré son statut de directrice d'une collection féministe et audacieuse chez Julliard, Fauteuse de trouble, où l'on a notamment pu retrouver l'excellent essai d'Ovidie, La chair est triste hélas. Elle le raconte dans les pages du Monde : "Un deuxième livre, c'est déjà difficile en soi, et en plus avec ce succès...". Cependant, elle l'écrit !
D'après les informations du Monde, Vanessa Springora compte même boucler ce roman d'ici à la fin de l'année. "Ce sera un livre très différent du premier, autour de son père. Un livre sur les hommes", apprend-t-on. Un texte sur un sujet épineux (son père a disparu de sa vie alors qu'elle n'avait que onze ans) et qu'elle dit encore "compliqué à écrire". L'éditeur sera de nouveau Grasset, comme pour son précédent livre.
Comme le détaille le journal, Vanessa Springora, dont le premier livre a également adapté sur scène et très bien incarné par Ludivine Sagnier, souhaiterait fortement que "Le Consentement ne soit pas juste une parenthèse" et pourrait même à l'avenir dédier sa plume à l'écriture d'une série. De la suite dans les idées donc, en attendant l'accueil critique du film de Vanessa Filho.
Directrice nationale de L'Enfant Bleu, association qui agit contre les violences faites aux enfants, Laura Morin avait très bien résumé dans nos pages ce pourquoi ce que relate Le consentement est si éloquent, et s'avère être une lecture nécessaire : "Ce qui nous choque, c'est que cet homme, Gabriel Matzneff, sous couvert d'être un auteur et un intellectuel reconnu a pris la liberté de parler de son appétit nauséabond pour des enfants".
"Car oui, à 14 ans, on est encore une enfant : on n'a pas la capacité de comprendre ce qu'est la sexualité et ce que l'on fait. Et ce qui nous touche particulièrement quand on accompagne les victimes c'est qu'elles sont dans un état de culpabilité terrible. On les a manipulées".
"Elles ne sont peut-être pas opposées clairement en disant "non" et en rejetant parce que ces prédateurs ont réussi à leur faire croire que c'était "normal" et que c'était presque une forme d'amour et une vraie "relation". C'est très dur pour une victime. Sauf que c'est normal qu'à cet âge-là, on ne comprenne pas et on fasse confiance à l'adulte...".
Aux côtés de plus de 60 personnalités comme Flavie Flament et Emmanuelle Béart, Vanessa Springora a dernièrement interpellé Emmanuel Macron, en signant une tribune collective visant à maintenir la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, la Ciivise.