Rendre la Silicon Valley moins blanche, moins bourgeoise et moins masculine : c'est la promesse que s'est promis de tenir le PDG d'Intel Brian Krzanich.
Alors qu'en janvier dernier, le big boss de la société de microprocesseurs avait annoncé le lancement prochain d'un plan de 300 millions de dollars sur cinq ans pour parvenir à la "pleine représentation" des minorités ethniques et des femmes au sein d'Intel, il a présenté ce mercredi 10 juin un nouveau chapitre de sa politique en faveur de la diversité : via la structure d'investissement Intel Capital, Brian Krzanich a annoncé la mise à disposition d'un fonds de 125 millions de dollars à destination des start-up dirigées par des femmes ou des personnes issues de minorités sous-représentées.
"Notre objectif avec ce nouveau fonds est de soutenir de manière significative une main-d'oeuvre de start-up technologique plus représentative de la société et qui, au final, grâce à son succès, profitera à Intel et à l'économie en général", a-t-il déclaré.
Les conditions à remplir par les start-up pour bénéficier du soutien financier et de l'expertise d'Intel ? Avoir une femme ou une personne issue des minorités comme fondateur ou PDG, ou avoir au moins trois hauts dirigeants femmes ou issus des minorités. Pour le moment, les entreprises à bénéficier de ce nouveau fonds d'aide sont Venafi, start-up spécialisée dans la cybersécurité, CareCloud qui produit des logiciels pour la santé, la plate-forme commerciale dédiée au "do it yourelf" Brit + Co. et enfin Mark One, qui fabrique un gobelet intelligent qui analyse la valeur nutritionnelle des boissons qu'il contient.
"Il ne s'agit pas d'un programme social. Les entreprises choisies vont subir le même examen que celles qui sont soutenues par Intel Capital", a affirmé Lisa Lambert, vice-présidente du Intel Capital Diversity Fund et elle-même afro-américaine.
Promouvoir la diversité, le plus grand défi de la Silicon Valley
Considérée comme la Mecque internationale des nouvelles technologies, où sont implantées quelques 6 000 entreprises du secteur high-tech, la Silicon Valley n'a jamais été réputée pour sa diversité sociale ou ethnique. Mais, à l'image de celle d'Intel, de plus en plus d'initiatives issues de grandes sociétés comme AOL ou Comcast s'apprêtent heureusement à changer la donne.
L'an dernier, c'est Tim Cook, le nouveau patron d'Apple qui s'était engagé en faveur de plus de parité et de mixité au sein du groupe après que des statistiques sur les effectifs de la société ont révélé que 7 employés sur 10 sont majoritairement blancs ou asiatiques.
"En tant que CEO, je ne suis pas satisfait de ces chiffres. Nous les connaissions, et nous travaillons durement depuis quelques temps pour les améliorer. Nous faisons des progrès et sommes engagés à être aussi innovants dans la promotion de la diversité que nous le sommes dans le développement de nos produits [...] Notre définition de la diversité va au-delà des catégories traditionnelles de race, de genre et d'ethnie. Elle inclut des qualités personnelles que l'on ne mesure pas habituellement comme l'orientation sexuelle, l'âge et le handicap", avait alors déclaré Tim Cook.
Suite à l'annonce d'Intel, de nombreuses associations et ONG engagées en faveur de la diversité et de la parité ont fait part de leur satisfaction. "Le défi pour les start-up minoritaires ce n'est pas de prouver leur capacité mais d'avoir accès au capital", a affirmé Butch Wing, un porte-parole de l'organisation Rainbow/PUSH. Créée par le révérend Jesse Jackson, elle prône la justice sociale et le respect des droits civiques et intervient régulièrement auprès des dirigeants de la Silicon Valley pour une meilleure représentation de la diversité.