C'est le ventre qui est maintenant au centre de la recherche des biologistes du monde entier. Ils se penchent de plus en plus sur son fonctionnement, qui va bien au-delà des fonctions digestives, on parle de plus en plus de « deuxième cerveau ». C'est, par exemple, le ventre qui décide de l'humeur : il fabrique la sérotonine, hormone de l'humeur, et l'envoie vers le cerveau. Est-ce également le ventre qui produit les phéromones, moteurs de la libido ? Pour l'instant, nul n'en sait rien, car les effets des odeurs sur les émotions et les comportements sont encore trop complexes à analyser. Pourtant, si au nom de la séduction, hommes et femmes dépensent des fortunes pour gommer leurs odeurs naturelles et se parfumer (choisissant parfois des effluves à base de musc ou de phéromones chimiques dont l'efficacité reste à prouver), c'est sans doute parce que comme chez les mammifères et les insectes, il y a une sorte de dialogue non-verbal qui s'organise et pousse à un désir sexuel parfois irrépressible.
C'est la surprenante façon dont les papillons de soie femelles attirent les mâles à des kilomètres de distance qui ont permis, en 1959, la découverte des phéromones par un biochimiste allemand. Il a d'abord identifié le Bombykol, un aphrodisiaque puissant que sécrètent ces fameux papillons de soie femelles. Si les phéromones sont partout dans le monde vivant, elles ne sont pas toutes sexuelles, mais on sait avec certitude maintenant qu'il existe un niveau de communication entre les êtres qui échappe à la conscience. Pour l'Allemande Bettina Pause, psychologue à l'Université Heinrich Heine de Düsseldorf, il est vraisemblable qu'une bonne partie de notre communication est influencée par des signaux chimiques.
Si les phéromones ne se sentent pas comme une odeur ou un parfum, le monde scientifique reconnaît qu'une même personne, aux différents âges de la vie, dégage des effluves différentes et uniques (seuls les jumeaux peuvent avoir la même odeur, Ndr), qui changent radicalement à l'adolescence, et se modulent jusqu'au dernier âge de la vie. L'arrivée de la pilosité est conjointe à la sécrétion de nouvelles glandes qui modifient les senteurs du corps (sauf chez les Asiatiques, moins soumis aux problèmes de transpirations que lesdits Caucasiens).
Au dire de certains spécialistes comme le zoologiste Tristam Wyatt, l'excitation que cela génère est peut-être freinée par notre développement culturel qui sélectionne les « bonnes » et « mauvaises » odeurs et diminue notre capacité à tout sentir. Il cite une expérience récente qui en dit long sur le pouvoir fascinant de cette hormone. Une équipe française de chercheurs conduit actuellement une étude étonnante sur des mères qui allaitent leurs bébés. Hommes et femmes ont des petites excroissances autour du mamelon, les glandes aréolaires. Lorsqu'une mère allaite, celles-ci produisent des sécrétions. Si on met sous le nez d'un bébé endormi une tige qui contient le lait de sa mère, on n'obtient aucune réaction. Si par contre on ajoute cette sécrétion, produite par n'importe quelle femme qui allaite, et donc pas nécessairement sa mère, il cherche immédiatement à téter, avec délice. Cette réaction serait l'un des multiples effets des phéromones. Pour l'instant, les recherches se focalisent sur des applications médicales.
Un jour, suivant ou non le hasard, on saura précisément comment le bas-ventre et le système pileux fabrique ces phéromones et avec elles l'envie de s'accoupler. Les laboratoires pharmaceutiques, pourquoi pas, les commercialiseront en « crèmes de séduction ». En attendant ce jour, et celui - plus proche - où le Viagra féminin sera sur le marché, la nouvelle du moment est pour les hommes inquiets de leurs érections : le Cialis, cet autre Viagra, sera bientôt disponible sans ordonnance.
En attendant, les femmes peuvent respirer les odeurs de leur sécrétions naturelles, apprécier l'excitante fragrance du sexe, et reprendre une recette ancestrale : glisser un doigt dans leur vagin chaud et doux, l'imprégner de cyprine et la glisser derrière l'oreille, comme le plus précieux des parfums, celui qui attire ...