Le Parisien consacre aujourd’hui un article aux chouchous des familles. « De toute façon, tu as toujours été le/la préférée ! », « C’est toujours elle ! », « Tu sais très bien que papa/maman ont toujours été plus permissifs avec toi »… Quelle famille n’a pas connu ces sempiternelles discussions ou reproches faisant état d’inégalités de traitement – rêvées ou avérées – dans les fratries ?
Si, en France, le sujet reste très tabou, d’autant plus à notre époque de l’enfant-roi, en Grande-Bretagne, les parents ont parlé. Et avoué… à 62% qu’en effet, ils avaient bel et bien un enfant préféré. L’étude a permis de montrer que, la plupart du temps, ce fameux chouchou était celui qui posait le moins de problème, obtenait les meilleurs résultats, bref, celui avec lequel « ça roule ». Dans la majorité des cas, cet être merveilleux serait l’aîné qui, raison ou conséquence, serait également celui qui réussit le mieux dans la vie et a le QI le plus élevé.
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Mais ne nous affolons pas, ces sentences sont basées sur les sujets britanniques. En France, si Catherine Sellenet et Claudine Paque, chercheuses interrogées par Le Parisien, ont enquêté sur ce phénomène pour leur livre L’enfant préféré – Chance ou fardeau ?*, aucune étude chiffrée n’existe. Pourtant, traditionnellement, le « droit d’aînesse » encourageait le favoritisme envers le premier né en lui conférant la majorité, voire la totalité de l’héritage familial (quant au cadet, il entrait souvent dans les ordres…). Mais si, au Japon, il a fallu attendre les années 50 pour que soit abolie cette loi ancestrale mettant au rebus les « petits derniers de la famille », en France, cela fait bien longtemps que chaque enfant doit être mis au centre de la famille et individuellement choyé sans aucune différence de traitement avec ses roomates.
Gare, donc, à tout parent faisant preuve d’une quelconque préférence pour l’un ou l’autre membre de sa progéniture. Pourtant, selon les auteures, dans la réalité, il en serait tout autrement. Le plus souvent, « le chouchou, c’est celui qui nous ressemble le plus, soit physiquement, soit psychiquement », selon un phénomène de « double narcissisme ». Combien de stars, en effet, déclarent rêver d’une petite fille qui soit leur « mini-me », et combien de marques jouent-elles à habiller les fillettes comme leurs mamans, ou les bambins avec les mêmes maillots de bain que papa. Le cadet, lui, héritera sans doute du fameux maillot comme de beaucoup des vêtements élimés par son prédécesseur lors que papa aura déjà remisé le sien au fond du placard.
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Selon les spécialistes, on ne pourrait pas grand-chose à ces préférences naturelles qu’il faudrait au contraire assumer pour parvenir, finalement, à équilibrer de manière différente cet amour prodigué à la fratrie. Si l’on adore passer beaucoup de temps avec ce « mini-me » avec lequel on s’entend si bien, cela ne veut pas dire qu’il faille faire la même chose avec ses autres enfants, lesquels ne seront d’ailleurs pas forcément demandeurs. En revanche, le parent doit adapter son comportement pour parvenir à ce que chacun se sente spécial au sein du cocon familial et y trouve sa place.
Quant au fameux chouchou, les auteurs insistent également sur cette place qu’il n’a ni réclamée ni forcément désirée laquelle, parfois, est lourde à assumer. Car si être le chouchou de maman peut être confortable, être l’exclu du clan n’est finalement pas une place très enviable.
* L'Enfant préféré - Chance ou fardeau par Catherine Sellenet et Claudine Paque aux éditions Belin