Génial, ou horriblement nul ? En tout cas, scandaleux !
Ainsi pourrait-on résumer l'accueil désastreux d'un film malaimé destiné à être réévalué - c'est écrit. Une oeuvre qui plus d'une décennie avant sa nouvelle romance tordue et sadomasochiste où elle côtoie Harris Dickinson (applaudie à Venise), plaçait Nicole Kidman aux devants d'un récit poisseux, provocateur et sexuel. Mais aussi, outrancier, torride...
Ce film, c'est Paperboy, où Nicole Kidman, 44 ans à l'époque, côtoie un Zac Efron enfin sorti de sa zone de confort. Notamment l'espace d'une séquence très... Audacieuse. Qui a marqué les rétines. On y suit une fiancée de taulard (Nicole) dans la Floride fiévreuse de la fin sixties. Et l'enquête d'un reporter bien décidé à découvrir la vérité sur l'époux en question, un condamné à mort pour meurtre. L'atmosphère est caniculaire, les corps suants, et la mise en scène de Lee Daniels, pas dépourvue de fulgurances... Choc.
C'est le magazine de cinéma Première qui donne le ton : "on y voit Nicole Kidman en nympho trash et vulgaire qui fait une fellation à distance, ou bien pisse sur le visage de Zac Efron (pour le sauver d'une piqure de méduse)". Tout un programme, oui... Mais ce n'est pas tout.
Paperboy fut projeté à Cannes en 2012. Et abondamment hué.
Pour la critique, c'est alors la grosse erreur du festival. Le film qui fait tâche, dont le mauvais goût et la propension à la provocation mettent à mal tout espoir de subtilité et de nuance. Et les journalistes font le savoir, en le massacrant ouvertement. "Nanar boursouflé", "grosse déception", "trashy, oubliable", énumère encore Première, relatant la réception houleuse de ce drôle d'objet qui "ne fait pas dans la dentelle" mais "aura eu le mérite de réveiller le festivalier en mal d'émotions fortes".
Quitte à susciter des réactions exacerbées au possible. Mais une seule star est épargnée : la reine Nicole.
Femme fatale définitive ?
C'est à l'instar d'une Sharon Stone (qui est revenue sur les dessous peu reluisants de son film le plus provoc) que Kidman s'est permise de planer au dessus d'une oeuvre mise plus bas que terre. "Dans une ambiance chargée d’érotisme, Kidman créé une composition de premier ordre, sous le jour d’une blonde superficielle, bousculée par ses désirs. Elle exécute à ce titre une scène de suggestion sexuelle torride qui met presque aux oubliettes l’exhibitionnisme de Sharon Stone dans Basic Instinct", peut-on ainsi lire chez nos confrères de franceinfo.
La star déploie une partition incendiaire mais dense. Maigre consolation pour les spectateurs quelque peu paumés, mais pas des moindres : on parle bien là de Nicole Kidman tout de même. Capable de transcender un postulat que d'aucuns, mots parfois mesquins à l'appui, renvoie à un bête prétexte pour de simples "histoires de fesses" plus ou moins bien ficelées. Aujourd'hui, Paperboy est réévalué par un grand nombre de fans découvrant l'ovni.
Alors que Lee Daniels quant à lui a encore du mal à digérer la tornade qui s'est abattue sur lui suite à cette fameuse projection : "Vous savez, je pense qu’au fond de moi, je dois être maso. Je mets toute mon énergie, mes larmes, ma sueur, mon sang, dans la création de films dont j’ai conscience que certains vont les haïr viscéralement", témoigne le cinéaste auprès de nos confrères d'Allociné.
"Vous n’imaginez pas combien de lettres de haine j’ai reçu ! Il n’y a rien de "facile" dans mes films. C’est pour cela que je dis que je dois être maso : je recherche une opposition", achevait le metteur en scène.
Pari réussi, non ?