C’est pour marquer le lancement d’une plateforme web sur les droits des femmes à travers le monde, Trustlaw Woman, que la Fondation Thomson Reuters publie ce sondage réalisé auprès de 213 experts sélectionnés dans le monde. Professionnels de l’aide humanitaire, travailleurs humanitaires, politiciens et journalistes ont été interrogés sur plusieurs critères : la santé, l’éducation, la violence à caractère sexuelle, la violence physique et mentale, les pratiques culturelles ou religieuses dangereuses, l’accès aux ressources économiques et l’existence de trafic humain.
Premier enseignement de cette enquête : l’éducation et la santé sont des facteurs essentiels, aussi importants que le viol ou le meurtre. « Cette étude nous montre que certains dangers « invisibles » comme le manque d’éducation ou d’accès aux soins médicaux sont aussi dangereux, voire plus, que des dangers physiques comme le viol et le meurtre qui font les gros titres. Ainsi en Afghanistan, les femmes ont une chance sur onze de mourir en couches tant l’accès aux soins est difficile», explique Monique Villa, présidente de la Fondation Thomson Reuters.
Le sondage met surtout en avant 5 pays que les experts jugent plus dangereux pour les femmes : l’Afghanistan, la République démocratique du Congo (RDC), le Pakistan, l’Inde et la Somalie.
« Les combats incessants, les frappes de l’OTAN et les pratiques culturelles cruelles de l’Afghanistan en font un pays particulièrement dangereux pour les femmes », explique Antonella Notari, présidente de Women Change Makers. La RDC qui arrive en deuxième position, subit encore les séquelles de la guerre civile. Le Congo est désigné par les Nations Unies comme « la capitale du viol dans le monde », avec 400 000 femmes victimes chaque année. Crimes d’honneur, attaques à l’acide, mariages forcés, torture et lapidation ont encore cours au Pakistan, plus qu’ailleurs, et selon Human Rights Watch, 90% des Pakistanaises font l’objet de violences domestiques. En quatrième position l’Inde inquiète à cause du grand nombre d’infanticides féminins et d’un trafic humain important (prostitution, esclavage domestique et sexuel, mariages forcés). En 2009, le ministre de l’Intérieur indien, Madhukar Gupta, a estimé que près de 100 millions de personnes étaient impliquées dans le trafic humain en Inde. Quant à la Somalie, 95% des femmes y sont excisées selon l’Unicef, et lorsqu’elle accouche, une femme a une chance sur deux de rester en vie.
« Dans ces cinq pays, les femmes sont privées de leurs droits les plus basiques, note Monique Villa, Trustlaw Women a été créé pour informer les femmes sur leurs droits et contribuer à leur émancipation économique et professionnelle. » Cette plateforme sur le net veut ainsi devenir l’une des premières sources d’information sur les droits de la femme à travers le monde, et offrira également aux ONG et entrepreneurs sociaux les services gratuits d’un avocat, grâce au réseau Trustlaw d’avocats à travers le monde.
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