Comptant parmi les Etats d'Amérique Centrale les plus touchés par la violence, le Salvador connaît en 2015 une vague d'assassinats particulièrement importante. En mai dernier, 653 homicides ont été enregistrés dans le pays, faisant de cette période la plus meurtrière depuis la guerre civile qu'a connu le pays en 1992. Le mois de juin pourrait même se révéler plus sanglant encore selon plusieurs sources nationales.
Parmi les facteurs qui expliquent cette montée de violence, la rupture fin 2013 d'une trève instaurée entre le gouvernement et les deux principaux gangs du Salvador Barrio 18 et Mara Salvatruch, comme le rappelle le New York Times. En échange d'un meilleur traitement des malfaiteurs incarcérés dans ses prisons, l'Etat salvadorien a obtenu des gangs qu'ils mettent fin à la violence dans certaines zones du pays, sauvant ainsi la vie de plusieurs milliers de personnes.
Mais alors que le taux d'homicides avait significativement chuté, cette trève a surtout permis aux deux gangs rivaux de mieux organiser leurs forces et surtout de s'approvisionner en armes durant ces deux dernières années. Une situation qui conduit aujourd'hui le pays dans l'impasse, puisque le nombre d'homicides a repris de plus belle.
Dans ce contexte propice à l'instabilité et la peur, de nombreuses rumeurs viennent influer directement sur la vie quotidienne des 6,4 millions d'habitants du pays. L'agence Associated Press a ainsi rapporté que des centaines de femmes se ruent en ce moment vers les salons de coiffure dans les grandes villes du pays. Raison de ce soudain intérêt pour la question capillaire : une rumeur selon laquelle les membres des gangs n'autorisent désormais plus que leurs femmes à porter du rouge et du jaune et à avoir des cheveux blonds ou roux. Toute autre citoyenne osant arborer ces couleurs risquerait de se faire tuer.
Même si les gangs en question ont fait une déclaration publique pour démentir cette rumeur, les Salvadoriennes préfèrent ne prendre aucun risque et n'hésitent pas à se faire teindre les cheveux de manière à assurer leur survie. Dans cette situation, "vous n'attendez pas une clarification", a ironisé Maria Jose Estrada, une ancienne blonde vivant dans la banlieue de la capitale San Salvador. "Ces gens sont fous, et ils vous tueront".
Claudia Castellanos, propriétaire d'un salon de beauté dans la capitale, a par ailleurs déclaré à Associated Press qu'elle connaissait au moins une femme qui avait été attaquée pour avoir porter du jaune. L'an dernier, le gouvernement a arrête 12 000 membres de gangs dans le pays.