Dans les boutiques et sur le site de vente en ligne Topshop, on trouve tout ce qu'il faut pour se créer le dressing parfait : robes, manteaux, chaussures, sacs à main, bijoux, et même tatouages temporaires. Et si les décalcomanies en question empruntent souvent aux cultures indiennes, orientales ou encore égyptiennes, la dernière collection mise en vente a plutôt lorgné du côté des marques qui peuvent s'incruster sur notre peau. Grains de beauté, taches de rousseur et cicatrices... Avec ses tatouages Freedom créés en collaboration avec Lucie Davis, une étudiante en art du bijou, Topshop voulait mettre en lumière notre obsession de la perfection :
"A l'heure de Photoshop, la peau est toujours sous pression, on lui demande d'être 'parfaite'. Les tatouages créés par Lucie visent à laisser une impression durable en encourageant une plus grande appréciation de nous-mêmes".
Malheureusement pour Topshop, les tatouages dorés représentants des cicatrices n'ont pas été compris par les client(e)s. Sur Twitter, la marque britannique a rapidement été accusée de promouvoir l'automutilation et les maladies mentales. "J'aimerais beaucoup que Topshop m'explique comment ils peuvent penser que les tatouages cicatrices peuvent faire un bon accessoire ?", "Je suis dégoutée par les tatouages cicatrices de Topshop. L'automutilation n'est pas une mode et les maladies mentales ne sont pas des accessoires", peut-on ainsi lire sur le réseau social .
Pointée du doigt sur Twitter, la marque est également la cible d'une pétition lancée sur le site Change.org et baptisée "Topshop – Retirez de la vente ces tatouages cicatrices". Lucas Shelemy, l'homme à l'origine du manifeste, s'indigne : " Non seulement la glamourisation de l'automutilation est dangereuse pour les adolescents, mais elle est aussi irrespectueuse envers les personnes qui ont combattu ces problèmes. Pour eux, c'est un rappel douloureux qui est représenté comme quelque chose d'acceptable, du moment que c'est temporaire et élégant ". Pour le moment, près de 2 000 personnes ont signé la pétition.
Face à la controverse, Topshop n'a pas tardé à s'excuser et a promis de retirer les décalcomanies de son site internet et de ses boutiques. Mais la marque anglaise a-t-elle eu raison de plier sous la colère des twittos ? En effet, ni Topshop ni Lucie Davis n'ont revendiqué de glamouriser l'automutilation. Les tatouages en question sont plutôt censés représenter les cicatrices qui arrivent par accident – après une chute, parce qu'on s'est cogné – et dont on a honte. Des cicatrices qui peuvent autant dater de l'enfance que de l'âge adulte, des marques qui peuvent être liées à des mauvais souvenirs comme à un sentiment de nostalgie et qu'on choisit de cacher parce qu'elles sont des imperfections.
C'est en remportant un concours sur le thème "Femmes et pouvoir" que Lucie Davis a pu créer cette collection de tatouages éphémères. Dans un communiqué publié avant que le scandale n'éclate, elle écrivait : "J'espère vraiment que ces tatouages encourageront les gens à voir différemment, à questionner la notion de beauté. La diversité est une bonne chose, il faut célébrer ses défauts !" On est donc loin d'un discours indélicat, voire dangereux.
Si une journaliste du site Refinery 29 regrette que les mannequins choisis pour représenter les tatouages n'aient pas de vrais grains de beauté et cicatrices, Lucie Davis a néanmoins posé à leurs côtés pour mettre en lumière ses propres taches de rousseurs. De quoi montrer que ce projet lui tenait vraiment à coeur...