Le Président sortant fait la Une de Libération ce matin, dans une mise en scène qui fait débat. Une photo du candidat de l’UMP en noir et blanc qui lui attribue la phrase suivante : « Le Pen est compatible avec la République ». Invité sur France Info mercredi matin, il a justifié son propos estimant qu'« à partir du moment où la République autorise Marine Le Pen à être candidate, c’est qu’il s'agit d’un parti démocratique, c’est donc que les citoyens ont le droit de voter pour elle ». Il a ensuite tenté d’expliciter sa vision de la reconquête des 17,9% d’électeurs du Front National, en revendiquant « le droit de parler à ces Français qui ont exprimé quelque chose par ce vote ».
« Pas d’accord avec le FN »
Le président candidat a ainsi affirmé qu’il s’adresserait sans complexes aux électeurs de Marine Le Pen, « je refuse de diaboliser les électeurs qui ont voté pour la candidate du Front National » a-t-il déclaré, ajoutant : « Je dois les écouter, les entendre et ne pas considérer qu'il faut se boucher le nez ». Néanmoins, à la question de savoir si des accords pourraient être conclus entre l’UMP et le Front National pour éviter des triangulaires à droite lors des élections législatives de juin, le président sortant a répondu par la négative, « pas d’accord » et « pas de ministres FN » nommés dans son gouvernement s’il était réélu. Paradoxalement, selon le dernier baromètre OpinionWay Fiducial pour « Les Echos » et Radio Classique, 64% des électeurs de Nicolas Sarkozy sont favorables à un accord avec le FN.
Fillon veut éluder la question des duels
Dans l’équipe du président, le mot d’ordre consiste à ne pas répondre à la question impossible du choix en cas duel PS/FN aux législatives. Pour avoir répondu sans hésitation que dans une telle configuration elle voterait socialiste, la sénatrice UMP Chantal Jouanno s'est fait sévèrement recadrer par François Fillon, qui a jugé ses propos « stupides ». « Il faut refuser de se placer dans une hypothèse de défaite et refuser toute question sur l'après » second tour, a-t-il dit. Le Premier ministre a néanmoins affirmé un peu plus tard sur le plateau du Grand Journal de Canal+ qu'il ne voterait « bien sûr » pas pour le Front National en cas de duel PS/FN aux législatives mais qu'il n'avait pas non plus « envie » de voter pour le PS.
« Répondre à un vote de crise »
Dans une autre interview publiée mercredi dans les quotidiens de l'Est de la France, Nicolas Sarkozy a souhaité montrer que le grand écart n’était pas insurmontable entre les deux franges d’électorat à séduire pour le second tour, en affirmant que « les préoccupations des électeurs de Bayrou et Le Pen sont les mêmes ». Avec d’un côté l’aspiration à la réduction des déficits pour les sympathisants MoDem, et le contrôle de l’immigration pour les électeurs de Marine Le Pen, le président sortant estime que les intérêts des uns et des autres convergent : « si on laisse l'immigration sans contrôle, la première conséquence, ce sera l'aggravation des déficits de nos régimes sociaux » et « on ne peut pas accepter une immigration dont le seul but serait de bénéficier de prestations sociales toujours plus généreuses », a-t-il affirmé. Selon lui le premier tour n’a donné lieu à « aucune poussée de la gauche », voyant plutôt dans le vote pour les extrêmes Jean-Luc Mélenchon (11,1%) et Marine Le Pen (17,9%) « un vote de crise », auquel « il faut répondre ».
Pas de débat à la radio
Jusqu’au 6 mai, les deux candidats ne vont cesser de jouer à ce jeu d’équilibriste, qui consiste à se préoccuper des 6,4 millions d'électeurs rassemblés au premier tour par la présidente du FN, sans effrayer leur électorat ni les électeurs centristes. En visite à Longjumeau (Essonne), M. Sarkozy a estimé que la campagne du 2e tour imposait de nouvelles dispositions, « On ne peut pas faire la campagne du 2e tour comme au 1er tour, il faut comprendre le vote FN », a-t-il déclaré pour justifier sa réponse immédiate et positive à l’organisation d’un débat à la radio mardi. Débat refusé par M. Hollande. Le président candidat a indiqué par ailleurs qu’il préciserait mercredi ou jeudi soir à la télévision ses engagements « pour que les électeurs (du FN) sachent qu'on a compris leur message et qu'ils aient la certitude qu'ils seront tenus ».
Crédit photo : AFP
« Sale mec » : « l'UMP fait preuve d'une mauvaise foi absolue »
« Sale mec » : un buzz qui ne sert ni Hollande ni Sarkozy
Temps de parole Présidentielle 2012 : les règles de l'entre-deux tours
Présidentielle : en attendant le (vrai) match…