Noël n°1
Le premier noël de l’enfant déclenche chez le jeune parent une émotion vive. Vraisemblablement due à un mélange d’images de petit Jésus sagement endormi et de températures trop basses pour garder raison, cette émotion se concentre autour d’un évènement majeur : le premier cadeau, dans les premiers souliers, sous le premier sapin, du petiot. Peu importe qu’il aperçoive à peine les boules du sapin. Ou que ses souliers soient en tricot. Ou que le premier cadeau est en réalité un vêtement dont il n’a cure déposé le long de son corps. L’important c’est que le parent est H.E.U.R.E.U.X et que tout cela finira immortalisé sur les plateformes 2.0 du moment, aux côtés de la dinde et du tube de maloox.
Noël n°2
Le deuxième noël, alors que l’enfant commence à savoir déchirer un paquet et se réjouir de son contenu (baver sur les livres et taper dans les poupées), est celui de l’installation dans le temps. Le jeune parent comprend que l’émotion du premier noël va perdre en intensité au fur et à mesure de sa perte d’originalité. Pour peu qu’il ait réussi à dénicher un pyjama en forme de renne ou de lutin, il va cependant bien profiter de la fête en inondant son pauvre petit sous les lumières des flashs, qui finira, également, immortalisé sur les nouvelles plateformes 2.0 du moment.
Noël n°3
Le troisième noël déclenche souvent une émotion qui a perdu de sa profondeur. Vraisemblablement due à un mélange d’une année accumulée de fatigue (terrible two) et de la découverte des premiers caprices de noël (supplices et tentations au rayon alimentation et jouet), cette baisse de tonus est cependant compensée par l’arrivée d’un nouveau personnage dans la famille : le père noël. Dès lors, le monsieur à la barbe blanche devient un allié éducatif de taille pour les parents qui traversent l’hiver en offrant des possibilités de menaces, de punitions et de chantages à gogo.
Noël n°4
Le quatrième noël est le premier vrai noël, celui de la révélation. L’enfant comprend enfant toute la signification d’un cadeau sous le sapin et de l’adéquation envie=résultat. Il réalise que les magasins grouillent de magazines publicitaires et voit que sa télé est envahie de jouets plus tentants les uns que les autres. Il s’agit donc d’un noël particulièrement tendu pour les jeunes parents qui doivent gérer discrètement les demandes les plus incongrues («euh, tu sais papa Noël n’a plus de place/plus de temps/plus de batterie/plus de lutins ») mais aussi gérer avec grande PRUDENCE la logistique. Le passage à l’anglais pour les plus doués d’entre eux est souvent constaté à cet âge (« where is the christmas gift ? ») ainsi qu’une utilisation de lieux saugrenus pour cacher les « gifts » (cave, voisin, bureau, etc…).
Noël n°5
Le cinquième noël réunit toutes les qualités du quatrième, un an de développement d’acuité et de perspicacité chez le petit en plus. C’est le moment de redoubler de prudence. D’autant que la rumeur de l’inexistence du père noël commence à se répandre dans les cours aussi vite que la grippe en janvier et l’enfant y a été nécessairement exposé. La particularité de ce cinquième noël c’est qu’il signe le début d’une longue lignée de débats éthiques sur l’adaptation des cadeaux à l’âge (une DS/un téléphone/une tablette/du mascara/des talons/des cigarettes… tu crois ? déjà ?).
Un jour viendra où le petit ne croira plus au père noël. Puis où il demandera un chèque. Puis où il refusera de passer noël avec ses parents. Heureusement, cette prise de conscience du temps qui passe ne va durer que quelques jours, jusqu’à l’arrivée du 31, d’une nouvelle année et des bonnes résolutions…
Mais pourquoi les enfants croient au père noël ?
De l'art subtil de faire un cadeau à un jeune parent
"Mais ça c'était avant" (d'être parent)
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