Philippe Candeloro ne nous épargne rien et certainement pas son verbiage sexiste. Connu pour son humour gras, l’ancien patineur, médaillé de bronze aux JO de Lillehammer (1994) et de Nagano (1998), n’a pas failli pas à sa réputation à Sotchi. Lors des épreuves de patinages artistiques -qu’il commente depuis 2005 avec son acolyte Nelson Monfort-, Philippe Candeloro a versé dans le sexisme ordinaire, ponctuant ses interventions de remarques au mieux potaches au pire vulgaires sur le physique des athlètes féminines.
Lors du programme libre dans la compétition par équipes, le commentateur a ainsi évoqué – selon les propos relevés par le journaliste de Rue 89 - le « joli petit postérieur » d’une patineuse, qui, selon lui, n’aurait pas changé depuis 2006, la poitrine d’une autre qui a « des airs de Monica Bellucci » ou encore le sourire d’une troisième qui lui inspire cette observation déplacée : « Vous pourrez lui dire que c’est pas la seule à être excitée ». Mais c’est pour ses propos affligeants au sujet d’un athlète canadienne : « Je connais un anaconda qui serait bien allé embêter cette Cléopâtre », a-t-il ainsi osé, que nous lui avons offert la médaille d'or de ce palmarès.
Si Nelson Monfort nomme les dérapages de son comparse des « candelorettes », il n’y est pas totalement étranger et n’hésite pas à lui tendre la perche, d’un : « Et je laisserai Philippe détailler la plastique d’Ekaterina ». Mais le commentateur polyglotte sait aussi se distinguer seul. Lors de l’épreuve de patinage de vitesse, le journaliste s’est ainsi permis de considérer que l’Italienne Francesca Lollobrigida n’avait « pas la plastique de sa glorieuse homonyme ». Et d’ajouter, s’enfonçant alors un peu plus : « Les patineuses (de vitesse) ne sont pas du tout, contrairement à ce que certains clichés pourraient laisser entendre, des mastodontes. Ce sont des jeunes femmes extrêmement fines, extrêmement jolies, extrêmement élancées, dont l’aérodynamisme n’a d’égal que le charme ».
>> 24 heures pour donner au sport féminin la place qu'il mérite <<
3. Laurent Luyat
Un nouveau bastion du sexisme dans le sport olympique est tombé à Sotchi. Le 11 février dernier, pour la première fois de l’histoire, les femmes ont pu concourir dans une épreuve de saut à ski aux JO d’hiver. Et parmi elles, une Française : Coline Mattel, qui, à 18 ans, est devenue la première médaillée de bronze de l’histoire de cette discipline.
Un exploit historique légitimement commenté le soir même sur le plateau de France 3 d’« Un soir à Sotchi », présenté par Laurent Luyat. Et si les journalistes ont commencé par louer la possibilité « enfin » donnée aux femmes de participer à cette discipline, la discussion a très vite dérivé sur… la vie privée de l’athlète !
Un échange (retranscrit par le site Madmoizelle) d’une muflerie sans égale à coups de « Coline, de temps en temps, elle découche » qui a beaucoup fait rire les trois commentateurs.
Mais la goujaterie ne s’est pas arrêtée là. Le même Laurent Luyat recevait en plateau le lendemain la championne olympique et, après l’avoir félicité, n’a pas pu s’empêcher de l’interroger sur… ses sorties nocturnes ! Navrant.
>> JO de Sotchi 2014 : 7 disciplines qui étaient interdites aux femmes - diaporama <<
Enfin, il n’y a pas que les journalistes français qui se laissent aller aux commentaires sexistes, comme le note aufeminin.com. Sur CNN, la journaliste Erin Burnett n’a pas caché son agacement face à l’un des commentateurs de l'épreuve féminine de snowboard. Ce dernier a, en effet, conclu l’épreuve d’un terrible : « C'était une belle course. Il y a 5 ou 10 ans, ça aurait été une belle course chez les hommes ».
>> Laura Flessel, Céline Dumerc, Camille Muffat : 14 bonnes raisons de soutenir le sport féminin <<