"La drogue, la cocaïne, les opiacés, sont des drogues extrêmement dangereuses avec un pouvoir addictif extrêmement puissant". Ainsi s'est exprimé sur France 2 le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
L'ancien ministre de la Santé est revenu avec gravité sur "l'affaire Pierre Palmade". L'humoriste a causé un grave accident de la route dans la nuit du 10 février à Villiers-en-Bière. Une collision qui a grièvement blessé une femme enceinte de 7 mois, âgée de 27 ans, accompagnée de son beau-frère et du fils de celui-ci, âgé de 6 ans, aujourd'hui défiguré, selon l'avocat des victimes Mourad Battikh. L'accident a également causé la perte du foetus de la jeune femme au lendemain de l'accident.
Pierre Palmade fait aujourd'hui l'objet d'une enquête pour homicide et blessures involontaires sous l'emprise de stupéfiants. L'humoriste se serait adonné avant l'accident à des séances de "chemsex", une pratique consistant à avoir des rapports sexuels après avoir consommé des stupéfiants.
Des faits sur lesquels a souhaité alerter Olivier Véran. "La drogue, la cocaïne, les opiacés, sont des drogues extrêmement dangereuses avec un pouvoir addictif extrêmement puissant et qui conduisent à des drames humains qu'il nous faut éviter par tous les moyens", a détaillé le porte-parole, qui a rappelé que les accidents de la route en lien avec la prise de stupéfiants causaient 700 morts par an, "soit deux par jour".
Une prise de parole qui rappelle les effets désastreux de la conduite sous l'emprise de la cocaïne, la deuxième drogue illicite la plus consommée en Europe.
Effectivement, la cocaïne, substance à la forte puissance addictive, interfère avec la conduite de multiples manières. Déjà, elle nuit considérablement à la vigilance du conducteur. Elle "l'écrase" carrément, comme l'énonce le psychiatre addictologue Amine Benyamina au Monde, qui associe cet affaiblissement considérable de l'attention à "l'hypersensation de contrôle et de toute-puissance" qu'engendre ce produit psychostimulant. Une "Hypersensation" engendrée par la libération de grandes quantités de dopamine dans le cerveau, synonyme d'excitation, d'euphorie, et donc, de difficultés de concentration comme de coordination.
En outre, par-delà l'influence de cette dimension surstimulante sur les pensées et les actions du conducteur, la cocaïne entraînerait également "une agressivité de conduite" qui pourrait occasionner "très souvent" une perte de contrôle du véhicule, comme le rapporte Sud-Ouest. En un mot, le conducteur sous emprise de coke deviendrait beaucoup plus impulsif, ce qui ce qui renforce sa dangerosité sur la route. Il est moins lucide, a moins conscience des risques encourus. De plus, son temps de réaction est beaucoup plus étendu.
"Concernant les effets sur la conduite, d'autres facteurs entrent en jeu, comme les circonstances dans lesquelles l'usager va prendre le volant, son état physique et psychologique, et la consommation associée à d'autres produits comme l'alcool, qui vont les accentuer", observe encore Amine Benyamina. Détail qui est loin d'en être un. En effet, la moitié des conducteurs positifs aux stupéfiants impliqués dans un accident mortel en France "présente également un taux d'alcool supérieur à 0,5 gramme par litre de sang".
Pour le psychiatre addictologue, les effets de la coke se manifestent "en deux à trois minutes" et la "redescente" se manifeste quant à elle en maximum deux heures. Pendant ce laps de temps étendu, il vaut donc mieux "complètement éviter de prendre le volant". Des informations à garder à l'esprit alors qu'un accident de la route mortel sur cinq en France implique un conducteur testé positif aux stupéfiants.
Pierre Palmade risque jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende si l'homicide involontaire était retenu. Cette peine pourrait aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende s'il y a une circonstance aggravante, comme la conduite sous l'emprise de cocaïne.