Elles espéraient réunir au moins 343 signatures, clin d'oeil au « manifeste des 343 salopes », qui avaient avoué avoir eu recours à l'avortement, en 1971, avant que la loi Veil ouvrant droit à l'IVG ne soit adoptée. Résultat : plus de 400 femmes ont signé un manifeste en faveur de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, quelle que soit leur sexualité.
Lancé il y a un peu plus d'une semaine par Marie et Ewenne, le manifeste des « 343 fraudeuses » invite toutes les femmes, hétérosexuelles, homosexuelles, en couple ou célibataires, ayant dû aller à l'étranger pour bénéficier d'une PMA, à soutenir l'ouverture de la PMA l'ensemble des femmes. Les deux instigatrices de l'appel, membres de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) estiment que « la loi Taubira est incomplète » et rappellent « chaque année, des milliers de femmes sont obligées d'aller à l'étranger pour fonder une famille ». « Ce manifeste est né de notre colère », expliquent Marie et Ewenne à Libération, vendredi 6 juin. Et de poursuivre : « la colère de devoir faire des milliers de kilomètres pour nous rendre en Belgique où nous avons déjà fait deux inséminations avec donneur, pour l'instant sans succès ».
>> Débats : Faut-il ouvrir la PMA aux couples lesbiens ? <<
Pour l'heure, en France, la législation n'ouvre la PMA - donc sa prise en charge - qu'aux couples hétérosexuels souffrant d'infertilité. Ces derniers doivent justifier d'au moins deux ans de vie commune. Par ailleurs, l'âge de la femme ne doit pas excéder 43 ans. « La loi sur le « mariage pour tous » est appliquée de façon contrastée sur le territoire. S'il n'ouvre pas la PMA aux couples de femmes, le texte devait permettre, dans l'esprit du législateur, de régulariser la situation d'enfants conçus dans les pays voisins », explique Gaëlle Dupont sur Le Monde.fr. « Mais, alors que de nombreux tribunaux ont accordé ces adoptions sans difficulté, le tribunal de Versailles en a refusé une début mai », poursuit la journaliste.
Si le candidat Hollande n'avait pas intégré l'ouverture de la PMA aux couples lesbiens à ses 60 engagements de campagne présidentielle en 2012, il s'y était dit favorable, en février de la même année, dans un entretien accordé au magazine Têtu. Or toujours pas d'ouverture de la PMA aux couples de même sexe au sein du projet de loi famille, dont l'examen a été repoussé sine die. Le gouvernement attend désormais l'avis du Comité national d'éthique, attendu depuis le début de l'année, avant de se prononcer sur la question.