La société du spectacle aura la peau du président. Hier soir, François Hollande faisait son bilan de mi-mandat. Pour cela, il était venu sur TF1, en direct, répondre à des messieurs et madame Tout-le-monde sur les problèmes qui les touche. « Je suis là pour protéger les Français », avait-il entamé, avant de revenir, mi amusé-mi excédé, sur les pipolémiques dont il fit l'objet : sa cravate de travers, sa propension à attirer la pluie ou son goût pour les frites, assénant un « Mais où en est-on rendu ? » plein de dépit. Venu parler des « vrais problèmes » des « vrais Français », le politique a pourtant eu du mal à convaincre, en témoignent les retours plein d'ennuis des quelques éditorialistes contraints à l’exercice d’analyse post-intervention présidentielle. Contraints, oui, car ce que ne pouvait anticiper François Hollande, c’est qu’une fois de plus le people allait prendre le pas sur le politique dans les rédactions aujourd'hui.
Juste avant lui, une starlette s’exprimait sur sa supposée jalousie, les larmes aux yeux, chez Cyril Hanouna, et aurait bien failli lui voler la vedette si elle n’avait rechigné à avouer cette folie passionnelle qui avait fait les gros titres de la presse de tous bords la semaine précédente. Un premier coup esquivé (bravo François)… avant l’uppercut fatal porté dans la nuit...
A 2h du matin, alors que notre Président dormait sur ses deux oreilles, seul ou accompagné mais cela ne nous regarde pas, Nabilla allô quoi appelait la police pour l’avertir que son compagnon, l’incontournable Thomas Vergara, boyfriend consort, avait été agressé. Poignardé. Soupçonnée d'avoir porté les coups, celle qui fit la quatrième de couv de Libé a passé la nuit en garde à vue.
Et dès 8H30 sur les réseaux sociaux, #nabilla passe devant @fhollande ! #LNE pic.twitter.com/mtIEcnBU6P
— La Nouvelle Édition (@LNEcanal) 7 Novembre 2014
Après la pluie, le scooter dans Closer, le livre de son ex-compagne, les chaussures d’Aquilino Morelle, la déclaration d’impôts du député Thévenoud, les « sans-dents », ses nouvelles lunettes, les anecdotes vaudevillesques sur ses relations avec les femmes, Julie, Ségolène, Valérie, les tweets, les communiqués de séparation, le linge sale et la petite histoire auront eu raison des tentatives désespérées de François Hollande de rehausser le débat, afin que l’Histoire, la vraie, retienne de lui autre chose que ce que suggère Google lorsqu’on y tape son nom.
Ce matin, un sinistre fait divers mettant en cause une starlette de télé-réalité aura suffi à balayer cet ultime espoir. Même le site du Monde a traité l’info. Sur celui de L’Express, qui met côte à côte nos deux protagonistes du jour, le Nabillagate talonne déjà, quelques heures seulement après sa mise en ligne, le résumé de l’intervention présidentielle.
« Ces femmes qui lui gâchent la vie », titrait avec provocation le même magazine il y a deux ans. Des femmes ? Pas que, voyons… Hier soir, le « fils de » de l’année, Léonard Trierweiler, détournait déjà l’attention d’un public pas plus captivé que ça en postant quelques tweets très drôles à l’attention de son ancien beau-papa.
Et on dit quoi à @fhollande ? Merci pour ce moment ;) #DirectPR
— Léonard trierweiler (@trierweiler3) 6 Novembre 2014
"Ca ne vous intéresse pas ce que je dis ?", semble s'époumoner Hollande face à une classe dissipée, occupée à surfer sur son smartphone ou détailler la nouvelle veste moche du prof.
Poissard un jour, poissard toujours... Le people aura une fois de plus eu la peau de la com' hollandaise. Allez, happy mi-birthday, mister President et merci (quand même) pour ce moment…