Naissances prématurées et perturbateurs endocriniens ne seraient pas sans lien. C'est ce qu'appuie une nouvelle étude scientifique publiée dans le Journal of American Medical Association, cosignée par 56 chercheurs et réalisée auprès de 6045 femmes enceintes entre 1983 et 2018. Ce rapport démontre pour la première fois que plus les femmes enceintes sont exposées à des phtalates, molécules chimiques que l'on retrouve notamment dans les plastiques, plus le risque de naissance prématurée est fort.
Ainsi depuis 1995, ce taux augmenterait de 1% par an à cause desdits perturbateurs endocriniens, qui constituent un "facteur inévitable" selon l'étude. De quoi s'inquiéter, d'autant plus que les phtalates se retrouvent également dans les cosmétiques, les jouets, les produits ménagers, et même... dans certains produits alimentaires, comme le rappelle Le Parisien. Diminuer cette exposition ne serait-ce qu'à 50 % pourrait permettre d'éviter 7200 naissances avant terme en France. Un appel à agir, donc.
"Avec chaque année 60 000 enfants qui naissent avant huit mois et demi de grossesse, il y a urgence, ne serait-ce que pour soulager les services de pédiatrie. Nous réclamons le lancement d'une mission flash de quelques mois, comme ce qui a été fait lors de la crise des urgences", a annoncé auprès du Parisien le toxicologue André Cicolella. Pour l'expert, la situation nécessite des actions gouvernementales concrètes.
"La publication américaine sur le lien prématurité-phtalates montre que des résultats peuvent être obtenus très rapidement", insiste le Réseau environnement santé (RES), qui en appelle à la mise en pratique d'une politique de décontamination des phtalates, et l'affirme dans un communiqué : "Comme les phtalates sont éliminés quotidiennement par l'organisme et que les grandes sources de contamination sont connues, il est possible d'atteindre rapidement une diminution significative et des gains de santé conséquents".
Une "diminution significative" plus que souhaitée par les scientifiques.