Dès le mois de janvier 2022, les fabricants de produits contenant des substances classées en tant que "perturbateurs endocriniens" (ces substances capables d'interférer avec le système hormonal, entraînant des effets sur l'organisme comme des troubles hormonaux) devront mettre à disposition du public des informations sur la présence desdites substances, suivant le respect d'un nouveau décret. Cette mise à disposition du contenu détaillé des produits prendra la forme d'une publication en ligne, et plus précisément d'un partage de données en accès public, ou "open data". Une obligation souhaitée par la loi antigaspillage, mesure initiée le 10 février 2020.
Mais quels seront au juste les produits concernés ? Il est notamment question des cosmétiques et des jouets, mais aussi des pesticides. Des produits ciblés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Cependant, les médicaments, par exemple, ne seront pas pris en compte par l'application de cette mesure.
Mais cette liste sera-t-elle (vraiment) efficace ?
L'association de défense de l'environnement Générations Futures s'interroge fortement à ce sujet. "Bien que la mise à disposition d'informations sur les perturbateurs endocriniens au sein des produits est une avancée dans l'attente de leur retrait du marché, nous déplorions que seule la voie numérique ait été retenue", observe à ce titre l'association. Une facette numérique exclusive qui exige notamment aux consommateurs de disposer d'un smartphone et d'une application pour mieux s'informer.
Une barrière certaine s'il en est. "Il est regrettable que le devoir d'informer le consommateur se traduise par un transfert de responsabilité sur le citoyen. Un dispositif, plus contraignant, mais plus efficace, avait été proposé à l'origine par le gouvernement, consistant en un marquage ou un étiquetage du produit", souligne encore Générations Futures. Dispositif qui a finalement été éludé.
L'association déplore également que soit passé à la trappe l'idée pourtant limpide "d'un pictogramme sur les produits envisagé à destination des femmes enceintes, une population particulièrement vulnérable dans le cadre d'une exposition aux perturbateurs endocriniens".
Un pictogramme qui aurait été pertinent, dans la mesure où les perturbateurs endocriniens peuvent interférer avec le système hormonal et entraîner "des effets néfastes sur la reproduction ou le développement des enfants", comme le rappelle Le Parisien. Cependant, le texte officiel du décret insiste sur le fait que la mise en ligne des données en open data permettra à des plateformes collaboratives "d'exploiter ces informations et ainsi de mieux informer le consommateur". Une garantie qui ne convainc pas tous les consommateurs.