On va commencer par les bases : qu'est-ce qu'un macho ? Selon le CNRTL, le macho est un "homme qui a une conscience exacerbée de sa supériorité virile, et qui prône la suprématie du mâle."
Nous avions donc l'embarras du choix. Mais nous avons quand même réussi à faire une petite sélection des perles de l'année. Pour que le sexisme devienne une bonne fois pour toute infréquentable.
Son nom ne vous dit peut-être rien mais ce Youtubeur installé au Japon parcourt toute l'Asie à la recherche de femmes asiatiques à "séduire" pour les convaincre, et parfois les forcer, de coucher avec lui.
En plus d'être un gros macho qui abuse de ces femmes, c'est aussi un raciste qui pratique le tourisme sexuel et qui mérite une belle place de choix sur ce mur des personnes qui se sont illustrées pour leur mépris des femmes cette année.
A ses parents qui le qualifient de misogyne, il répond : "Ils avalent tout ce qu'ils lisent dans les journaux....[comme] le féminisme. Je ne suis pas contre l'égalité des femmes, mais je n'aime pas cette nouvelle vague de féminisme. Les hommes devraient être libres d'être des hommes. Je ne devrais pas avoir peur d'aller demander le numéro d'une fille."
Pour avoir écrit sur Twitter que l'acteur Daniel Craig était émasculé pour avoir transporté son nouveau-né dans un porte-bébé.
"Oh non 007, pas toi ! #PorteBébé #BondÉmasculé"
Vous vous rendez compte, un homme qui partage les tâches ! Incroyable pour l'animateur de Good Morning Britain Piers Morgan.
Afin de lui répondre et de le tourner en ridicule, des centaines de pères ont posté des photos d'eux avec des porte-bébés pour lui montrer qu'on ne perdait en rien de sa virilité en les utilisant. Bien au contraire.
Il a même eu droit à un tacle de l'acteur Chris Evans, le Captain America du grand écran : "Il faut vraiment être très incertain de sa propre masculinité pour se soucier de la façon dont un autre homme porte son enfant. Tout homme qui perd son temps à quantifier la masculinité est terrifié de l'intérieur."
Denis Balbir est commentateur de football sur W9. Il avait déjà été suspendu en avril pour des propos homophobes tenus après un match OM-Leipzig. Il avait déclaré que les joueurs du club allemand étaient des "PD arrogants" et des "enfoirés".
Invité d'une webTv en octobre, il a expliqué qu'une femme ne pouvait pas commenter un match de football masculin à cause de sa voix aiguë : "Je suis contre, pourquoi ? Parce qu'une femme, elle pourra jamais avoir un timbre de voix, dans une action de folie, elle va monter dans les aigus. Ça va forcément être un peu plus délicat [...]. Après, je sais qu'on va me traiter de misogyne, de sexiste et tout ça [rire des animateurs] parce que je dis ça, et brutalement, c'est la vérité. Mais c'est pas ce que je veux dire. C'est pas parce que c'est une femme, pour moi, c'est le timbre de voix qui ne fonctionnerait pas."
Des expertes comme Anne-Laure Bonnet ou Caroline Bauer qui interviennent sur les chaînes sportives n'avaient pas manqué de critiquer sa sortie.
Élu président au Brésil le 28 octobre, Jair Bolsonaro a mobilisé les militant·es féministes et LGBT+ en amont du scrutin. Les raisons : son sexisme et son homophobie revendiquées. Comme cerise sur le gâteau, il est aussi raciste.
Pour juger de sa haine des femmes, on peut citer par exemple cette phrase qu'il avait lancée à l'ancienne ministre des droits humains Maria do Rosário : "Je ne te violerai pas, parce que tu ne le mérites pas". Elle ne le méritait pas parce que "trop moche", selon lui.
Contre l'IVG, il s'oppose également au planning familial et à l'égalité des salaires. Pourquoi ? Parce qu'une femme prend un congé maternité. Personne n'a dû lui expliquer le concept du congé parental.
Il débutera son mandat de quatre ans le 1er janvier 2019 qui va commencer sur fond d'affaires de soupçons de corruption.
Raphaël Enthoven, profession : philosophe de la place de Paris qui intervient beaucoup dans les médias. Il est épinglé dans ce classement pour certaines sorties lunaires qui nous ont fait bondir ("J'aimerais être une femme noire pour qu'on arrête de m'emmerder"), avec, pour point d'orgue, son intervention devant la première université d'été du féminisme, organisée par la secrétaire d'Etat à l'Egalité Marlène Schiappa.
Il y a violemment, et sans contradiction, critiqué les féministes avec lesquelles il n'est pas d'accord, profitant d'une carte blanche de 25 minutes. Une intervention qui n'a pas manqué de faire réagir. Laure Salmona de l'association Féminisme vs cyberharcèlement avait par exemple écrit sur Twitter : "Je suis atterrée par l'indécence d'Enthoven qui règle ses comptes avec les féministes et fait la leçon à la salle, fidèle à son image d'homme qui se croit tout permis."
Champion français du mansplaining, il se distingue aussi pour son harcèlement répété sur Twitter envers les femmes qui auraient le malheur de ne pas partager ses opinions, et notamment la journaliste Rokhaya Diallo.
Quand on est avocat·e, on fait tout pour défendre son ou sa cliente. Eric Dupond-Moretti est l'avocat pénaliste le plus connu de France. En novembre, il défendait le maire de Draveil, Georges Tron, accusé puis acquitté d'accusations de viols et d'agressions sexuelles envers des collaboratrices.
Pour défendre son client, Eric Dupond-Moretti avait eu ces mots à l'égard de l'Association Européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), présente au procès : "C'est bien que la parole des femmes se libère, mais vous préparez un curieux mode de vie aux générations futures [...] Mesdames et messieurs les jurés, si votre fils touche le genou d'une copine dans sa voiture, c'est une agression sexuelle, ça ?"
Il avait également ajouté : "Une starlette par exemple qui veut réussir et se dit : 'Je vais coucher', c'est de la promotion canapé'[...] Il y a des hommes prédateurs, peut-être, mais aussi des femmes qui sont attirées par le pouvoir, qui aiment ça".
Se tournant vers les plaignantes, il leur avait lancé à propos de la "patience" de son client : "Moi, je vous sauterais à la gorge."
Marylin Bladeck de l'AVFT avait répliqué dans un entretien à France Info : "Cette posture de défense archaïque est dépassée et devrait figurer dans un musée de la défense pénale des agresseurs sexuels."
Nous allons faire une petite entorse à la définition du macho pour y ajouter des femmes. Parce que oui, comme un homme peut être féministe, une femme peut combattre les féministes.
C'est ce qui est arrivé en janvier avecla tribune sur "la liberté d'importuner", publiée dans Le Monde et signée par plusieurs penseuses et femmes d'influence françaises, parmi lesquelles Peggy Sastre, Catherine Millet, Brigitte Lahaie ou Catherine Deneuve.
Elles y avaient écrit : "En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d'une haine des hommes et de la sexualité. Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d'importuner. Et nous considérons qu'il faut savoir répondre à cette liberté d'importuner autrement qu'en s'enfermant dans le rôle de la proie"
On les classe dans les machos pour avoir défendu la continuation d'une situation de domination des hommes sur les femmes et ne pas avoir compris que la libération de la parole était porteuse de jouissance et de liberté pour ces dernières. La liberté de reprendre contrôle de son corps pour en faire ce que bon nous semble, y compris en jouir avec un homme mais quand on veut et comme on veut.
Parce que derrière toutes les publicités sexistes qu'on nous a servies cette année, il y a des cerveaux brillants qui ont cru qu'en surfant sur le sexisme, ils allaient vendre.
Alors, spéciale dédicace à celui qui a tenté de promouvoir du carrelage avec des affiches de femmes à moitié à poil, celui qui a tenté de vendre du carburant avec des pubs de filles en maillot de bain, celle où on a essayé de nous refourguer des produits anti-cellulite pour nous faire perdre notre temps et notre argent, la marque Maggi pour avoir promu la double journée des femmes, ou Pepsi pour avoir voulu nous vendre des chips pour femmes. Et on en oublie.
Saluons l'existence du compte Twitter Pépite Sexiste qui débusque ces pubs affligeantes et demande des explications aux marques qui n'auraient pas compris la marche du progrès.
Jusque-là, Martin Solveig était plutôt le DJ inoffensif et joyeux qui vous faisait danser au son de mélodies électro. Mais début décembre, le Français co-animait la soirée du Ballon d'or. Pour essayer de mettre de l'ambiance à une réception un peu lente au démarrage on doit l'avouer, était prévus des petits sketches avec les gagnant·es.
Après la remise du Ballon d'or féminin, le premier de l'Histoire, à la Norvégienne Ada Hegerberg, le DJ lui a demandé en toute décontraction si elle savait "twerker", une danse qui consiste à bouger les hanches et les fesses. Ada Hegerberg, joueuse à l'Olympique lyonnais, considérée comme la meilleure buteuse du monde, a refusé sèchement.
Dans une tribune parue mi-décembre, la championne est revenue sur cet épisode malheureux et a taclé le sexisme de Solveig.
Évidemment. Pour l'oeuvre d'une année et même d'une vie. Mais cette année, on retiendra son oubli de cadeau pour l'anniversaire de sa femme Melania Trump ou encore sa petite phrase, lors de l'affaire Kavanaugh, ce juge conservateur accusé de tentative de viol : "C'est une époque vraiment terrifiante pour les jeunes hommes en Amérique, vous pouvez être coupable de quelque chose dont vous n'êtes pas coupable [...] C'est vraiment une période difficile".
L'un de ses fils, Donald Trump Jr, a également déclaré concernant la même affaire : "J'ai des garçons et des filles et quand je vois ce qui se passe en ce moment, ça fait peur." Quand le journaliste lui demande s'il est plus inquiet pour ses filles ou ses garçons, il répond : "Maintenant, je dirais mes fils."