C'est un nouveau recul pour les droits et la liberté des femmes en Syrie. Dans la province de Deir Ezzor, elles ont désormais l'obligation de dissimuler leur regard conformément au nouveau code vestimentaire imposé par les djihadistes sunnites de l'État islamique (EI). « Il est interdit aux femmes de montrer leurs yeux », a tranché ce groupe ultra-radical dans un communiqué que s'est procuré l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme (OSDH). De même, les Syriennes n'auraient désormais plus le droit de porter des abayas (cape noire couvrant tout le corps) « pouvant laisser apparaître des vêtements colorés » ni même de les orner de perles, paillettes et autres bijoux ou encore de « se promener avec des chaussures à hauts talons ». Autant de règles arriérées et liberticides dont la violation expose à un châtiment. « Quiconque viole ces interdictions sera puni », prévient en effet l'État islamique sans plus de précision.
Mais peut-on réellement s'étonner d'une telle mesure dans un pays où les discriminations envers les femmes semblent culturelles ? En septembre dernier, dans le cadre de son dernier rapport sur les égalités entre les hommes et les femmes dans le monde, la Banque mondiale avait déjà épinglé la Syrie. Dans un document intitulé Women, Business and the Law 2014 : Removing Restrictions to Enhance Gender Equality (Les Femmes, l'Entreprise et le Droit : Lever les obstacles au renforcement de l'égalité hommes-femmes), elle avait notamment pointé du doigt les nombreuses lois défavorables aux femmes dans ce pays, parmi lesquelles leur interdiction de travailler sans l'assentiment de leur époux.
À noter qu'outre cette énième atteinte à la liberté des Syriennes, les djihadistes ont également prononcé l'interdiction des « narguilés, tabac et cigarettes »,déplore l'OSDH. « Dans le cadre de sa tentative de faire appliquer la loi islamique et de lutter contre le mal, il est totalement interdit de vendre des cigarettes, des narguilés et de fumer en public », ont ainsi déclaré les djihadistes dans leur communiqué de presse.