Il est loin le temps des petites annonces dans les quotidiens papier ! Depuis la digitalisation des offres d’emploi il y a plus de douze ans, le marché du recrutement en ligne ne cesse de se démocratiser. Pour preuve, selon le sondage réalisé par l’institut CSA pour l’Observatoire Orange-Terrafemina sur les révolutions numériques, 2 Français sur 3 déclarent avoir déjà consulté des offres d’emploi sur Internet, et 44% affirment y avoir répondu. 31% des personnes interrogées affirment même avoir trouvé un emploi grâce à Internet.
Autant de chiffres qui prouvent bien que le marché du recrutement en ligne est en pleine démocratisation : alors que les cadres étaient les premières cibles des fameux « jobboards » (sites d’emploi) désormais presque toutes les catégories de population peuvent s’y retrouver.
Il faut dire qu’Internet facilite la recherche d’emploi. Près d’1 Français sur 2 le pense en tout cas. « Internet a permis des gains de transparence et de réactivité, » estime Pierre Cannet, dirigeant du cabinet de recrutement RH Blue Search Conseil. Grâce aux innovations numériques, les contacts sont plus rapides. Surtout, les candidats se renseignent sur les entreprises, et les entreprises se renseignent sur les candidats. L’information circule mieux et permet de mieux cibler les candidats ou les recruteurs. C’est ce que Laurence Bret, directrice marketing de Linkedin Europe, Afrique et Moyen-Orient appelle « le rééquilibrage des relations entre recruteurs et candidats du fait d’Internet et des réseaux ». C’est un des facteurs de changement du marché du recrutement aujourd’hui selon elle, avec « le changement de génération chez les recruteurs, et l’arrivée de la génération Y sur le marché de l’emploi ».
Toute une palette d’outils existe sur ce marché du recrutement en ligne, dont l’institut Weblab-13 articles a dressé pour cette vague de l’Observatoire Orange-Terrafemina une liste non exhaustive (lien). Des jobboards généralistes ou spécialisés, aux réseaux sociaux professionnels (Linkedin, Viadeo, …) ou non professionnels (Facebook, Twitter,..), en passant par des applications sur mobiles et des forums virtuels de l’emploi.
Pôle emploi : l’outil classique
Tous ces outils n’ont pas forcément encore trouvé leur public. Le site le plus populaire reste le traditionnel Pôle Emploi : 73% des personnes interrogées par le CSA y ont déjà consulté une offre. 64% se sont également déjà rendus sur un site spécialisé comme Monster, Keljob ou l’Apec et presque autant ont déjà consulté la rubrique Recrutement d’un site d’entreprise. En revanche, seul 1 Français sur 10 se dit inscrit sur un réseau social professionnel.
Les réseaux sociaux professionnels en pleine expansion
Pour autant, la puissance des réseaux sociaux professionnels ne cesse de croître. Ainsi Linkedin comptait fin 2011 3 millions de membres, soit une progression de 60% par rapport à l’année précédente. D’après L. Bret, « lorsqu’on recrute sur les réseaux sociaux, la sélection est très pointue ». « Il y a moins de candidatures mais elles sont de très bonne qualité, » poursuit la directrice marketing de Linkedin Europe, Afrique et Moyen-Orient.
« Les réseaux sociaux sont puissants mais ils ne sont pas encore entrés dans les mœurs pour trouver un emploi, » analyse Pierre Cannet. « Sur les réseaux, les offres ne sont pas particulièrement mises en avant, et puis les populations ne sont pas captives, elles ne se posent pas officiellement en recherche d’emploi donc les recruteurs sont également moins présents, » estime Matthieu de la Thébaudière, directeur délégué à l’Emploi au sein de FIGARO CLASSIFIEDS qui regroupe Cadremploi, Keljob et Cadresonline. Un raisonnement conforté par les résultats de notre étude, selon laquelle 45% des utilisateurs de Viadeo ou Linkedin déclarent les utiliser avant tout pour être en contact avec leurs collègues ou anciens collègues.
Quid de Facebook et autres Twitter ? Si leur usage sur le marché du recrutement reste plutôt confidentiel, certains estiment qu’ils permettent de diffuser des informations et de capter certaines candidatures d’une autre manière. « Il m’est déjà arrivé de faire passer des messages sur Facebook avec des codes différents que sur Viadeo ou Linkedin, c’était plutôt du second degré, » nous confie le chasseur de têtes P. Cannet.
Trop d’outils ?
La démultiplication des outils censés aider la recherche d’emploi pourrait presque brouiller ce marché du recrutement en ligne, comme nous l’explique P. Cannet : « Internet ouvre tant le champ des possibilités de contacts que cela complique le travail des candidats et des entreprises. Faut-il être présent sur toutes les candidathèques, sur tous les réseaux sociaux, se référencer partout ? »
Les spécialistes sont optimistes : le recrutement en ligne ne devrait pas trop souffrir de la crise, même si on imagine logiquement une baisse des offres d’emploi de la part des entreprises dont l’activité ralentit. M. de la Thébaudière estime qu’après une bonne année 2011, et malgré un ralentissement sur les 6 derniers mois, les entreprises auront encore besoin de recruter en 2012.
Les acteurs du recrutement en ligne ont cependant plusieurs défis à relever. Premièrement, l’usage du smartphone qui explose. « Alors que nous n’avons lancé nos applications qu’il y a 2 ans, 20% des offres de Cadremploi sont consultées sur des mobiles, » constate M. de la Thébaudière qui vise les 50% d’ici 2 ans. Deuxièmement, la nécessité de mieux accompagner les candidats comme les recruteurs, afin de fluidifier le processus de recrutement. Par exemple, Keljob aide les candidats à soigner leur réputation numérique. De son côté Linkedin aide les entreprises à améliorer leur marque employeur et à gérer les candidats. « Notre ambition est d’intervenir à tous les stades du recrutement, » indique L. Bret.
Enfin, principal challenge : accélérer la rencontre entre les bonnes personnes. C’est le processus de « matching » en temps réel, sur lequel se fonde le site Qapa, récemment débarqué sur ce marché du recrutement en ligne. Qapa rapproche les besoins des candidats des demandes de recruteurs. Sur ce site, on parle plus d’affinités que de CV. Car, comme l’indique M. de la Thébaudière, « comme sur les sites de rencontres, il faut que l’alchimie opère avec le recruteur ».
Crédit photo : iStockphoto
Les résultats de l’Observatoire Orange Terrafemina sur le recrutement en ligne :
Les résultats complets de l'Observatoire Orange-Terrafemina
L’étude qualitative par l’Institut Treize articles WebLab
Recrutement en ligne : l'interview de Laurence Bret, directrice marketing de Linkedin EMEA
Recrutement en ligne : l’interview de Matthieu de la Thébeaudière
Recrutement en ligne : l'interview de Pierre Cannet, chasseur de têtes
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