Deux jeunes diplômés au chômage ont été condamnés fin mars à sept ans et demi de prison pour avoir publié sur Facebook des caricatures de Mahomet, selon une information révélée par des blogueurs tunisiens. Il s'agit d'une peine sans précédent dans les affaires d'atteinte à la morale et au sacré, qui se multiplient en Tunisie depuis la révolution et l'arrivée au pouvoir des islamistes. Les deux hommes auraient également été condamnés à 1 200 dinars (600 euros) d'amende, selon le site Tunisia-Live. L’un d’entre eux, Ghazi Béji, est toujours en fuite, réfugié en Europe, tandis que l'autre, Jabeur Mejri, est déjà en prison.
Les deux Tunisiens avaient posté « des dessins représentant le prophète nu » et « diffamé des personnalités tunisiennes », a précisé le porte-parole du ministère de la Justice, Chokri Nefti. Selon la blogueuse Olfa Riahi, les caricatures sont « violentes » et choquantes, surtout dans le contexte d'une société tunisienne à fleur de peau sur la question identitaire et religieuse.
Bochra Bel Haj Hmida, une militante des droits de l’Homme, a, elle, indiqué que « c'est une peine beaucoup trop lourde », et a alerté, mercredi 4 avril, la présidence de la République sur cette affaire. « Ce sont deux jeunes diplômés qui se croyaient libres de se dire athées et se pensaient protégés sur Facebook », a-t-elle déclaré à l'AFP.
Ghazi Béji a fui la Tunisie après le dépôt de la plainte, sur les conseils de militants des droits de l'Homme. Il affirme que son ami Jabeur, arrêté le 5 mars, avait été « torturé » en détention. « Je me revendique athée, j'ai publié sur le Net un livre sur la chute de l'islam », a-t-il indiqué. La famille du jeune homme affirme souffrir d'« énormes pressions » et assure qu’ils envisagent de quitter la ville.
Alexandra Gil
Sources : AFP
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