L'ancienne PDG d’Areva, Anne Lauvergeon, a assigné en référé le groupe nucléaire public ainsi que la société privée Apic, chargée d'un rapport sur l’achat d’UraMin, selon ses avocats. L’audience de référé a été fixée au mercredi 8 février à 9h30, au Tribunal de grande instance de Paris. La bataille opposant Areva et son ancienne patronne, remplacée au printemps dernier par le numéro deux Luc Oursel, monte d’un cran. Au cœur de l’affaire, l’achat coûteux et controversé de la société minière canadienne UraMin par Areva en 2007. Le géant français du nucléaire avait commandité à la société privée Apic une enquête sur les circonstances de cet achat, qui a révélé en 2010 des indices accréditant la thèse d’une escroquerie subie par Areva pendant l’opération, avec la possible complicité de personnes appartenant au groupe français, et la rétention d’informations stratégiques de la part de l’ex-patronne.
Ce rapport est contesté par les avocats de Mme Lauvergeon, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi et Alexandre Merveille, qui ont déclaré dans leur texte d’assignation que leur cliente « sous cet angle, ne peut qu’être perçue au mieux comme incompétente, au pire impliquée dans une escroquerie ». Ils demandent au juge la désignation d’un expert pour analyser les conditions dans lesquelles ce rapport « indigent » a été commandité. Ils estiment que le recours à cette société dirigée par Marc Eichinger, et « dont les activités sont réduites au strict minimum », s’est fait « en violation des règles internes à Areva ». C’est ce rapport qui avait déclenché en mars 2011 l’enquête de la société suisse Alp Service visant Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, et faisant porter sur lui des soupçons de malversation relative à l’achat d’UraMin. Le couple a porté plainte pour écoutes illégales.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : AFP
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