En 2013, si près de 40% des femmes travaillent pour leur épanouissement, celui-ci a manifestement un prix… non négligeable. L’arrivée d’un enfant dans la vie d’une femme, de surcroît lorqu’elle travaille, est un cataclysme. Et lorsque la question du mode de garde est enfin réglée, après une période douloureuse où la recherche d’une nounou a souvent tenu du parcours du combattant (44% des mères considèrent en effet que trouver un mode de garde a été une épreuve !) se pose alors la question de l’adaptation de son emploi du temps.
Après un congé maternité plus ou moins reposant (elles sont 18% à n’avoir que peu levé le pied, et même 7% à ne pas en avoir pris), le retour au bureau, s’il est parfois vécu comme une bouffée d’air frais, ne se fait pas lui non plus sans douleur.
18 heures… Il faut relayer l’assistante maternelle (39% des tout petits sont gardés par ces gardes d'enfants agréées) ou la crèche (36%). Pourtant, si certaines réussissent à imposer les réunions avant l’heure fatidique trop souvent dite « des mamans », elles sont très nombreuses (22% d’entre elles) à embarquer dossiers et mails en attente à la maison. Le célèbre 18-20 heures passé en famille, c’est maman qui s’y colle (eh oui, seuls 9% des pères actifs prennent le créneau). Quant à l’activité domestique dans son ensemble, elle est à 80% prise en charge par les femmes. Charge à elles lorsqu’elles auront fini de lancer machines, devoirs et dîner, puis rempli les carnets de correspondance, de replonger la tête dans les powerpoint une fois tout ce petit monde au lit.
En bref, en 2013, pour s’épanouir, maman travaille, certes. Mais pour travailler, maman jongle et frôle bien souvent le burn out. Le manque de sommeil chez les mères actives est en effet prégnant (et dangereux) puisque 63% d’entre elles se disent épuisées par ce grand écart entre vie pro et vie perso, 67% d'entre elles dorment moins de sept heures par nuit…
L’implication des pères dans ce rythme endiablé reste malheureusement encore trop marginale. En effet, ils ne sont que 9% à sacrifier leur sacro-saint début de soirée pour venir couler le bain et lancer les steack hachés. Les mères restent de surcroît en majorité (55%) les seules responsables de la vie scolaire. A elles les kermesses et les réunions de parents d’élève en solo. Youpi !
D’ailleurs c’est bien simple, pour 58% des papas, l’arrivée de bébé n’a absolument rien changé à leur organisation quotidienne et à leur rythme*. Mieux, ils sont 9% à dormir 10 heures par nuit (contre… 0% chez les mères. Cherchez l’erreur).
Quant à envisager d’arrêter de travailler pour élever leur progéniture (on parle bien d’« envisager »), si 36% des femmes y ont pensé, seulement 5% des hommes ont caressé cette idée, soit 1 sur 20.
Résultat ? 62% de nos mères actives épuisées disent avoir renoncé à prendre du temps pour leur couple… Un chiffre attristant, voire alarmant.
Point besoin d’être un fin analyste pour comprendre que la solution viendra bien des pères. Alors pouponnera, pouponnera pas, papa ?
Malheureusement, aujourd’hui encore, 48% des papas estiment que prendre un temps partiel serait très mal vu par leur entourage professionnel*. Ne tapons en effet pas trop vite sur ces pères actifs, puisque les stéréotypes y sont pour beaucoup dans l’inégalité pères-mères observée en entreprise.
Certaines associations, comme Mercredi c papa, présidée par Antoine de Gabrielli, sont formelles : le temps consacré à chacun des deux pans vie pro-vie perso par chaque acteur du couple doit fonctionner selon le principe des vases communicants. Cela est d’autant plus vrai chez ces couples dits « à double carrière », lesquels ont de telles exigences logistiques qu’ils sont forcément contraints à une organisation paritaire.
L’objectif n’est donc pas que le papa devienne la nouvelle maman, ou que l’homme remplace la mère active d’aujourd’hui, avec les contraintes qu’elle subit, mais bien que chacun adapte son temps en fonction du bien-être de l’autre afin qu’aucune carrière ni vie de famille (et de couple) ne soit lésée.
Quant à l’omerta masculine autour du fait de partir « plus tôt » en entreprise, il devient urgent et essentiel de la briser. Non, un père qui se fait le fameux 18-20 heures n’est pas plus désinvesti que son voisin d’open space qui surfe sur Internet jusqu’à 21 heure pour faire bonne figure. Le salut des mères actives viendrait donc bien aujourd’hui des entreprises, dont le changement de message à destination de ses salariés est primordial à l’heure où près de la moitié d'entre eux sont des femmes.
Conclusion, en 2013, pour soulager les mamans, apprenons à travailler différemment !
* Selon l'enquête CSA-Terrafemina sur les pères actifs. Tous les autres chiffres sont tirés de l'étude maman travaille dirigée par Marlène Schiappa, présidente de l'association Maman travaille et Cédric Bruguière. Avec la participation de Julie Landour.
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