"Chang est assis, il mange du riz. Ses yeux sont petits. Riquiquis. Chang me sourit quand il me dit veux-tu goûter à mes litchis ?". À l'école maternelle d'Aubervilliers (Saint-Denis), les paroles de cette comptine pour enfants ne passent pas. Plusieurs parents ont dénoncé les propos racistes de cette chanson intitulée "Chang le petit chinois" sur les réseaux sociaux en publiant une photo du texte de la comptine distribué dans deux classes de l'école. Loin d'être passée inaperçue, la publication n'a pas tardé à déclencher une polémique sur la toile.
Partagée plus de 100 fois sur Facebook et Twitter, la photo a suscité la réaction de Dominique Sopo, président de SOS Racisme qui dénonce une chanson remplie de clichés, avec tout ce que cela suppose de grossier". "Nous sommes en France en 2017. Un pays où il y a beaucoup de personnes d'origine asiatique. Comment dès lors accepter que des personnes soient réduites à quelques clichés et renvoyées à une anormalité physique qui rime toujours avec illégitimité citoyenne ?", a-t-il écrit.
Dominique Sopo n'est pas le seul à avoir réagi sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont exprimé leur indignation, ainsi que le président de l'association des Chinois résidents en France, Sacha Lin-Jung : "Des parents asiatiques horrifiés à la vue de la chanson qu'on enseigne dans la classe de leur enfant en maternelle. N'hésitez pas à pointer les clichés et stigmatisation raciste et faire comprendre gentiment en quoi c'est déplacé", a-t-il écrit sur Facebook.
En bas des paroles de cette comptine illustrée par un dessin de petit chinois et d'un bol de riz, figure la mention "Les Ateliers du Préau". Cette organisation qui intervient dans les écoles s'est défendue d'être à l'origine de cette comptine. "Dans le cadre de l'éveil musical, le professeur avait la liberté de choisir des morceaux musicaux qui lui semblaient pertinents. Nous n'avons jamais validé cette comptine", arguent les fondatrices Isabelle Halgand et Géraldine Prigent.
"Cette comptine est une faute et elle ne restera pas lettre-morte. Nous allons nous excuser et faire dès la rentrée un communiqué auprès des parents des élèves de ces deux classes. Enfin, nous nous assurerons auprès de tous nos intervenants que cette comptine ne puisse plus jamais être éditée et partagée", ont-elles ajouté.
Sur sa page Facebook, Dominique Sopo a par ailleurs indiqué qu'il avait demandé au ministère de l'éducation que la comptine ne soit plus autorisée dans les écoles. Dans un post datant du 27 décembre, le président de SOS Racisme assure avoir obtenu gain de cause. Il a également précisé que le ministère venait de s'engager à saisir le rectorat de Créteil, qui est rattaché à l'école maternelle dans laquelle la comptine a été proposée.