Le Yaourt,il n'y a pas que dans un pot avec une cuillère qu'on le savoure mais, parfois aussi, dans votre bouche quand, pris par une soudaine envolée lyrique, vous vous mettez à baragouiner, le plus souvent dans la langue de Shaekspeare, une chanson indéchiffrable. Sous la douche, dans les embouteillages ou simplement dans votre tête, la raison cède alors la place à la phonétique et à un improbable empilement d'onomatopées censées reproduire, quasi fidèlement, le tube de l'artiste que vous avez arbitrairement choisi de martyriser et qui est probablement présent dans la liste qui suit.
La chanson du "j'ai un mot par vers et je tiens à le faire savoir avant de murmurer une phrase improbable. Ce qui donne : "POWER, gagnagnagnagna... CLOSER gnagnagnagna". Puis vient le refrain dont il ne restera que n'importe quoi suivi de "ENOUGH !".
Pas certain que John Scatman lui-même ait chanté son "ski-ba-bop-ba-dop-bop" ou "bi-pa-pop-pala-pop", c'est selon, deux fois de façon similaire tant les paroles étaient décousues.
Une chanson brésilienne qui se transforme en spécialité culinaire grecque ? C'est possible grâce à "c'est la moussaka moussaka" de Chico Buarque avec son titre Essa Moça Ta Diferente qui quitte soudainement Copacabana pour Le Pirée.
Les années 1990, des bagues plein la bouche et du sébum dans les joues, vous vous époumoniez sur le hit Wannabe des "filles épicées" à peu près comme ceci : "Yo sé yo wa da want wa yo béli béli want". Ressortez votre vieux manuel Apple Pie et try again !
La fièvre du samedi soir qui vire en gros malaise du lundi matin lorsque votre partenaire vous surprend, dans la salle de bain en mode Travolta, les vêtements en moins, fredonnant un peu honteusement Stayin' Alive.
Trois Moldaves sur une aile d'avion en chemise satinée et pantalon blanc. Plus qu'une certaine idée du voyage et de la mode, O Zone c'était avant tout un groupe capable de produire des chansons à texte... que seuls les roumanophones pouvaient chanter. En témoigne le célèbre Dragostea din tei, dont l'intro devenez dans votre bouche : "Allo, saloute, c'est Diego".
C'est toujours quand on pense avoir touché le fond qu'on trouve la force de creuser plus profond. Encore en-dessous, il y a vous chantant Cotton Eye Joe de Rednex. "Wédidi yump so wédidi go".
La Macarena, c'est une chorégraphie dont la difficulté est inversement proportionnelle à la chanson. Si neuf personnes sur dix seraient capables de reproduire les quatre mouvements de bassin entrés dans la légende, une seule pourrait reprendre, sans faute, les paroles des deux vieux monsieur en costard.
Parce qu'on a tous un ami qui a pris allemand en LV1 et qui, au terme d'une soirée d'anniversaire épique, se sent investi d'une mission : prendre le contrôle de la playlist et flamber en balançant 99 Luftballons de Nena. Problème, vous étiez tous en cours d'espagnol quand il s'essayait à la langue de Goethe.
Un long, long, long moment de solitude aura lieu entre le "aaaaaaahhhh, La Musique dans la Peau !" et le premier "nettoyer, balayer, astiquer". Arrivé au refrain, vous assumerez totalement l'espèce de novlangue dont vous seul connaissez la signification.