Une marche silencieuse en hommage à Sophie Lionnet a rassemblé des dizaines de personnes ce dimanche 8 octobre, à Londres. Jeune fille au pair depuis plusieurs mois dans la capitale britannique, cette jeune femme de 21 ans a été retrouvée par les policiers de Scotland Yard, morte calcinée, enterrée dans le jardin d'une propriété de Londres le 20 septembre dernier. Un drame qui met en lumière les dangers auxquels sont exposés les "au pair". Ses employés, Sabrina Kouider, 34 ans, et Ouissem Medouni, 40 ans, ont été arrêtés et inculpés de meurtre. Une audience est prévue le 12 décembre prochain.
"C'était une jeune femme douce et discrète, très timide. Toujours le sourire, vraiment adorable. Elle aimait les chevaux, le patin à glace. Surtout le cinéma, la danse et le chant". Ce doux portrait, dessiné par Caroline, une amie de Sophie Lionnet dans les colonnes de Paris Match, met en avant toute l'innocence de la jeune Française partie outre-Manche pour perfectionner son anglais.
Fatiguée, sous-payée, puis exploitée, Sophie Lionnet voulait rentrer en France et avait demandé l'argent nécessaire à sa mère. "Elle nous disait que ses employeurs ne l'avaient pas encore rémunérée, qu'une fois qu'ils l'auraient rémunérée, elle rentrerait. (...) A chaque fois ils rajoutaient du temps, des excuses, et finalement ils ne l'ont pas laissée rentrer", raconte sa cousine Mélanie, à l'origine de la marche silencieuse. Pour les autres jeunes filles au pair, ce drame est un coup de massue. Glwadys Beya, 24 ans, explique avoir été "énormément touchée" par l'histoire de Sophie. "C'est vraiment triste et si on n'en parle pas, c'est une situation qui risque de se reproduire".
Sur Facebook, certains membres du groupe "Tribute to Sophie Lionnet" dénoncent les difficultés endurées par certain(e)s "au pair" : "Les 'au pair' sont très nombreuses et nombreux au Royaume-Uni. Pour beaucoup, l'expérience culturelle linguistique se déroule à merveille, pour d'autres, les conditions de vie absolument honteuses et déplorables la rendent insupportable". Et de poursuivre : "Nous souhaitons rendre hommage à Sophie Lionnet et faire prendre conscience à un maximum de personnes que, non, Au Pair ne signifie pas esclave (Sophie Lionnet était apparemment rémunérée 56 euros par mois...) et que bien que le statut ne soit pas juridiquement reconnu, il s'agit d'un échange, d'un partage, dans lequel TOUT LE MONDE doit se sentir bien et en sécurité".
Le cortège a suivi le parcours que la jeune femme aimait faire avec les enfants qu'elle gardait, puis s'est arrêté devant la maison où elle vivait pour observer une minute de silence et déposer des gerbes de fleurs. Le corps pourrait être remis à la famille d'ici une dizaine de jours.