Wicked, The Substance, Sans un bruit : Jour 1, Moana 2...
Les gros succès du box office américain en 2024 ont tous un point commun : un certain sens du spectacle certes, du dessin animé familial généreux à la satire horrifique hyper outrancière... Mais surtout : les femmes. Et plus précisément, des protagonistes féminines, de celles qui leadent un récit entier. Les personnages féminins occupent le premier plan dans toutes ces oeuvres. Et si cela n'est pas nouveau à Hollywood, on a jamais dénombré autant de succès qui en témoignent, comme le relate Variety. En tout cas, en 20 ans. Beau record.
Cela, c'est ce qu'atteste le nouveau rapport du Center for the Study of Women in Television and Film de l’université d’État de San Diego, qui chaque année dans le cadre de son étude de l'inclusivité prend en compte pas moins de 100 succès au box office US écoulés en une année. Et 42 % de ces cent films étudiés avaient des protagonistes féminins, nous affirme l'enquête. Un pourcentage de personnages féminins largement dépassé par rapport aux années précédentes, sur les 100 films les plus rentables aux États-Unis en 2024.
Sur 100 films, 42 % qui sont relatés du point de vue féminin. Ca paraît encore trop peu. Mais pourtant... En 2023, on ne parvenait qu'à un chiffre de 28 % ! Le pourcentage a quasi doublé, et c'est une victoire...
On pourrait poursuivre longtemps la liste, si on prend en compte les "gros noms" des productions qui ont le plus retentit au fil des académies et festivals, de Emilia Perez à Anora, donnant toutes le a à des personnages féminins - jusqu'à porter leurs noms.
"2024 a offert l’une des listes de films les plus riches pour ce qui est de mettre en vedette des protagonistes féminins de mémoire récente", a déclaré Martha Lauzen, fondatrice du centre et auteure de l’étude, dans un communiqué officiel rapporté par Variety. "Et des films comme « The Substance » ont d'ailleurs violemment résisté à une culture qui considère les femmes comme jetables !"
Mais est-ce vraiment la révolution à Hollywood ?
The Substance, justement... Un film qui met en scène à travers sa relecture sardonique du mythe de la sorcière - façon La mort vous va si bien - l'enfer patriarcal de l'industrie hollywoodienne, et plus encore, l'exclusion des femmes une fois passé le cap de la quarantaine.
Et cela, ce n'est pas de la fiction. Seules 16% des figures féminines présentes à l’écran dans cette liste de cent films ont la quarantaine. D'ailleurs, même quand l'on tutoie simplement la trentaine, le pourcentage de personnages féminins chute déjà de 43 à 35 %. "Si nous limitons l'âge des personnages féminins à l'écran, nous limitons le type d'expériences et de vies que nous les voyons vivre", déplore le rapport.
L'expérience féminine, de celle que dépeignent des cinéastes comme Jane Campion, Céline Sciamma, Coralie Fargeat, Greta Gerwig, Kelly Reichardt... N'est pas toujours aisément perceptible à l'écran quand il s'agit d'outrepasser un fléau on ne peut plus actuel, celui de l'âgisme.
Quand bien même Anne Hathaway, Laura Dern, Nicole Kidman, Renée Zellweger, se plaisent dans leurs dernières productions à donner le la aux émois des femmes par delà 40 ans. Une forme de crainte de la vieillesse demeure malgré tout dans l'usine à rêves.
On pourrait encore tirer la corde et souligner - à l'instar de notre chère Kristen Stewart - la faible présence de femmes cinéastes à Hollywood, si ce n'est celles qui parviennent, de succès publics à succès d'estime, à surnager dans l'industrie. Inclusivité moindre qui a ses conséquences sur la présence encore beaucoup trop inégale de femmes racisées dans toutes les productions qu'on a pu nommer...