Moins de patriarcat, plus de Céline Sciamma : les films de la cinéaste ENFIN sur Netflix !

Parfois, rester dans son canap, c'est super aussi. La preuve ? Netflix vient tout juste de mettre en ligne les quatre premiers films de la grande Céline Sciamma, l'une de nos meilleures cinéastes. De ces filmos qui foisonnent d'images et d'émotions fortes, comme celles de Justine Triet ou Rebecca Zlotowski.

On peut donc dès à présent retrouver sur la plateforme de streaming les excellents Naissances des pieuvres, Tomboy, Bande de filles, et Portrait de la jeune fille en feu. Mais au fait, pourquoi foncer sur ces séances ?

C'est simple : le cinéma de Céline Sciamma, c'est une certaine manière - toujours juste - de saisir l'adolescence et la féminité, de bousculer le genre, de nous immerger dans des mondes aussi puissants visuellement - la photo Césarisée de Claire Mathon dans Portrait ... est inestimable - qu'intenses musicalement - la BO électro sublime de Naissances... signée Para One.

Mais c'est aussi un cinéma... Révolutionnaire !

"Moins de patriarcat, Plus de Céline Sciamma".

C'est le message qu'arboraient certaines pancartes lors de la marche lesbienne pour la PMA pour toutes qui a pris place au sein de la capitale en 2021. Et on a pu retrouver ce type de slogans partout : manifs pour les droits des femmes, collectifs LGBTQ, comptes cinéphiles féministes.

Aussi pop que le nom de Virginie Despentes.

Sciamma est devenue, avec le succès à l'international de Portrait de la jeune fille en feu (2019), histoire d'amour entre deux jeunes femmes, une modèle et celle qui la dépeint sur la toile, une véritable icône frenchie, la porte parole d'un certain "regard féminin" comme l'explore Iris Brey dans son étude du même nom : par-delà le sempiternel point de vue masculin, une source d'images différentes et détonantes qui rendent compte d'expériences sensuelles, sensorielles, toujours intimes ET politiques. Un autre regard.

Céline Sciamma représente surtout ce qu'Alice Coffin définit dans son manifeste éponyme comme : "Le génie lesbien". Réalisatrice lesbienne, qui fait de son orientation sexuelle une force politique et artistique, une façon alternative de voir le monde et ses sensations : c'est clairement le postulat de Naissance des pieuvres (2007), son premier long métrage, troublant récit de coming of age et love story lesbienne à retrouver sur Netflix.

Dans ce film rayonne Adèle Haenel, qui deviendra la "Jeune fille en feu" de son quatrième long - lui aussi dispo sur Netflix. Artiste lesbienne et militante à l'unisson, voix majeure du mouvement #MeToo en France, âme soeur (son ancienne compagne), elle confère aux films de Sciamma toute leur intensité.

Deux femmes engagées.

"La dimension populaire du cinéma de Céline Sciamma s'exprime justement par ses prises de position. La voir participer aux manifs et poser avec ses participants et participantes renverse l'image de l'artiste dans sa tour d'ivoire. Elle se mêle aux citoyens et à leurs combats, pour ainsi dire au peuple, rappelle qu'elle fait partie d'un tout et que les films doivent éclater les barrières", analyse dans nos pages la critique ciné Pauline Mallet.

Céline Sciamma, c'est aussi le beaucoup trop méconnu Tomboy (2011), bijou d'une douceur extrême interrogeant par le prisme du simple récit d'enfance (le quotidien d'une gamine de dix ans très garçon manqué) le trouble dans le genre, la fluidité, les stéréotypes, l'éducation genrée. Délicat ET puissant.

Créatrice du podcast Lemon Adaptation Club, Océane Zerbini nous expliquait il y a deux ans : "Le nom de Céline Sciamma est-il si familier que cela à toutes les générations en France ? Peut-être pas. Il manque encore un film pour faire parler au-delà de la bulle féministe et cinéphile". Et si la disponibilité de ses meilleurs films sur Netflix permettait d'éclater cette bulle ?

Le mot d'ordre : lesbian genius & chill.