Avec la nomination de François de Rugy comme ministre de la Transition écologique à la place de Nicolas Hulot se pose évidemment la question de son remplacement à la présidence de l'Assemblée nationale.
Se pose également la question d'avoir ce qu'on nous avait promis à nous, les femmes, 52 % de la population. A savoir une Première ministre (c'est perdu pour ce remaniement) et une présidente de l'Assemblée Nationale. Promesse fracassée après l'élection d'Emmanuel Macron et les législatives de 2017.
Le tir aurait pu être rectifié un peu plus d'un an après la prise de fonction de cette nouvelle législature. Sauf que le candidat qui en rêve et qui en bave, c'est Richard Ferrand. Un homme, encore et toujours un homme. Un proche d'Emmanuel Macron qui a le soutien de très nombreux·ses député·e·s alors qu'il est aujourd'hui président du groupe LREM à l'Assemblée (encore une place prise par un homme !).
Mais en face de lui se présentent au moins trois femmes : Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines qui dirige la commission des Lois de l'Assemblée nationale et que le grand public a découvert à l'occasion de l'affaire Benalla. Elle est seulement la deuxième à accéder à ce poste.
Se présente également Cendra Motin, ancienne dirigeante d'entreprise dans les ressources humaines et actuellement membre de la commission des Finances et député de l'Isère, et Barbara Pompili, députée de la Somme.
Cette dernière, présidente de la commission Développement durable, ne s'est pas encore déclarée officiellement, mais plusieurs sources évoquent sa candidature. Elle serait soutenue par des membres de sa commission selon le journal Les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Le seul obstacle qui sépare Richard Ferrand du perchoir, c'est l'affaire des Mutuelles de Bretagne qui est toujours en cours avec la justice. Les espoirs restent permis pour les candidates qui tentent désespérément d'ouvrir les portes.
Dans un article de l'Obs, qui précise qu'elle n'était pas la favorite de l'Élysée pour la présidence de sa commission, Yaël Braun-Pivet raconte : "Je n'avais de relations spéciales avec personne, j'ai présenté mon parcours et été élue. Pour une fois, ce n'est ni un ami, ni un "pressenti" et je trouve ça bien !" Victorieuse sur ce coup de bluff la première fois, il en sera peut-être de même pour l'élection au perchoir.
Interrogé par L'Obs, un député LR tente de la décrédibiliser. La technique classique quand on ne veut pas d'une femme ? Le procès en incompétences. "Bombardée là pour son profil, c'est-à-dire la parité, et le prétendu parcours d'avocat, alors qu'elle n'a pas exercé depuis quinze ans !" Ce à quoi Yaël Braun-Pivet répond : "J'ai déjà connu ces procès en incompétence pendant la campagne. Mais je me sens légitime à ma place."
Certain·e·s lui ont reproché son autoritarisme. Elle avait sermonné le député Robin Reda en janvier dernier. Pas content d'être rappelé à l'ordre une première fois pour son comportement, il avait alors déclaré à Yaël Braun-Pivet : "Merci pour ces rappels à l'ordre quasi maternels", ce à quoi elle avait répliqué "Merci pour ces propos forts misogynes !". Il avait alors répondu : "Non, je disais ça parce que vous pourriez être ma mère".
Quant à Cendra Motin, la députée de l'Isère est peu connue et elle a sans doute peu de chance d'être élue.
Comme le rappelle Le Monde, le vote à la primaire LREM se fera à bulletin secret en deux tours. On ne peut donc pas exclure un vote surprise pour une femme. Dans un message envoyé à ses co-député·es dévoilé par le journal, Yaël Braun-Pivet qui part en campagne avant le vote écrit : "Nouveaux visages, nouveaux usages, telle est la dynamique qui nous a portés jusqu'ici et qui doit continuer à nous animer".
Alors, le nouveau monde ? On l'attend toujours. Si on ne peut élire une femme juste à cause de son genre, on peut aussi l'élire pour ses compétences. Et au-delà de Richard Ferrand, ces trois femmes en ont. Françoise Giroud a d'ailleurs dit : "La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."
Les candidat·e·s à la primaire LREM ont jusqu'au mercredi 5 septembre à minuit pour déposer leur candidature. Les députés LREM voteront lundi 10 septembre lors d'un séminaire pour le candidat qui représentera leur parti. Ensuite, une élection aura lieu le 18 septembre à l'Assemblée pour élire son président, où le ou la candidate LREM a toutes les chances de l'emporter, le groupe étant majoritaire.