Sur leur visage, les marques d'une barbarie sans nom. Celle qui a touché, et brûlé, la peau de centaines d'Indiennes et contre laquelle se bat la Chhanv Foundation en oeuvrant pour la réintégration des femmes victimes d'attaques à l'acide. Car ce sont bien ces femmes qui prennent la pose dans "Bello". Lancé le 8 mars dernier à l'occasion de la journée mondiale de la femme, ce calendrier illustré met en scène celles qui ont eu le courage d'affronter l'objectif malgré la souffrance et les marques indélébiles laissées sur le visage par leurs agresseurs.
Le calendrier est l'un des éléments centraux de la campagne "Stop Acid Attacks" , lancée par la Fondation pour tenter de lever des fonds et aider les survivantes de ces crimes à regagner leur place dans la société indienne. "Dans une société aussi insensible que la nôtre, il est très facile pour les victimes d'attaques à l'acide de perdre confiance en elles", explique le site officiel du calendrier. "Si l'apathie des agresseurs conduisent aux attaques, l'apathie des proches et des 'amis' provoquent elles des brûlures quotidiennes. Ce shooting vise à aider la société à élargir son interprétation de la beauté."
Et de la beauté, il y en a. Dans cette série de clichés, le photographe Rahul Saharan est parvenu à capturer toute la féminité et la spontaniété de ces femmes qui ont réussi à dépasser le traumatisme pour exprimer leur véritable personnalité. Interrogé par le Huffington Post, l'artiste, qui avait déjà réalisé des travaux similaires par le passé, s'est dit heureux de pouvoir participer à ce projet car il permet aux femmes concernées de se sentir "plus confiantes, plus courageuses, plus fortes".
Comme en écho à l'objectif que s'est fixé la Chhanv Foudation, Rahul Saharan insiste sur la nécessité pour la société de réhabiliter ces femmes : "Cela dépend de nous, on en fait des victimes ou on en fait des battantes."
Les attaques à l'acide sont un fléau qui touche de plus en plus de femmes et jeunes filles en Inde. Selon l'Acid Survivors Trust International, unique organisation au monde oeuvrant à l'échelle internationale pour mettre fin à ce type de violence, environ 1500 attaques à l'acide sont recensées chaque année. La plupart d'entre elles surviennent en Inde, mais des pays comme le Pakistan, l'Afghanistan ou l'Iran font également face à une recrudescence de ces pratiques.
Le crime est également en grande majorité commis par des hommes contre des femmes. Selon les experts, entre 75 et 80% des victimes d'attaques à l'acide sont des femmes ou des jeunes filles. Des attaques le plus souvent motivées par un rejet d'avances sexuelles ou des tentatives des victimes d'accéder à une meilleure éducation.