Nous avons beau être en 2016, devenir mère tout en poursuivant sa carrière professionnelle relève encore pour beaucoup de femmes du parcours du combattant. C'est ce que révèle un rapport inquiétant commandé par le gouvernement de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et dont les résultats ont été révélés cette semaine.
Réalisée par la Commission Égalité et Droits humains (CEDH), elle met en lumière la discrimination dont sont victimes les femmes enceintes et mères de famille sur leur lieu de travail.
Parmi les 54 000 mères actives britanniques et irlandaises du Nord interrogées, quatre sur cinq (77%) ont ainsi déclaré qu'elles avaient eu une expérience négative ou éventuellement discriminatoire pendant leur grossesse, leur congé maternité et/ou à leur retour de congé maternité.
Une mère sur cinq (20%) a déclaré avoir été victime de harcèlement ou de commentaires négatifs liés à sa grossesse ou à ses horaires de travail aménagés de la part de son employeur ou de ses collègues.
Une répondante sur dix (10%) affirme même avoir été découragée d'assister à ses rendez-vous prénatals. Pour certaines futures mères et mères de famille (11%), ce harcèlement pour maternité et pour discrimination les a même forcées à quitter leur emploi, qu'elles aient été licenciées ou poussées insidieusement vers la sortie.
Citée par The Telegraph, la vice-présidente de la CEDH Caroline Waters a déclaré qu'il était désormais "impossible d'ignorer l'ampleur réelle de la discrimination cachée à laquelle les mères qui travaillent sont confrontées". "C'est inacceptable, a-t-elle poursuivi, et une action urgente est nécessaire pour s'assurer que les femmes sont en mesure de contester la discrimination et l'injustice dont elles sont victimes. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement d'examiner les obstacles qui empêchent les femmes enceintes et les mères d'accéder à la justice."
Surtout, rappelle la journaliste Hannah Fearn dans The Independent, il y a urgence à sensibiliser les employeurs aux droits des femmes enceintes et mères actives. Pour elle, les femmes discriminées devraient d'ailleurs ne plus avoir peur de dénoncer leurs employeurs. "La loi actuelle ne fonctionne pas, écrit-elle. Les employeurs n'en tiennent pas compte, et les employées ont souvent trop peur d'y avoir recours. Les coupes budgétaires à l'aide juridique rendent difficiles pour les femmes, même en cas de discrimination avérée, d'être bien représentées si elles souhaitent poursuivre une action en justice."
Pour faire avancer les choses, Hannah Fearn propose elle de "dénoncer et humilier ces entreprises qui refusent de payer le salaire minimum (certes avec l'aide du gouvernement) et ont conduit à un changement dans les attitudes et les normes".
Et les patrons, que pensent-ils de la grossesse de leurs salariées ? Si une majorité d'entre eux (84%) a indiqué qu'il était dans leur intérêt de soutenir les femmes enceintes et les personnes en congé maternité, 27% ont estimé que la grossesse était un "fardeau financier déraisonnable sur le lieu de travail", tandis que 17% pensent encore que "les femmes enceintes et les mères sont moins intéressées par la progression de leur carrière et les promotions que les autres employés". Enfin, 7% considèrent que les femmes revenant de congé maternité ne sont pas aussi engagées que les autres membres de l'équipe de travail.