Aussi ambitieuses et compétentes soient-elles, les femmes restent encore et toujours aujourd'hui bloquées par le fameux plafond de verre. C'est ce qui ressort de la vaste enquête menée par l'association À compétence égale et le cabinet Robert Walters , et rendue publique mardi 24 mars.
Réalisée entre novembre 2014 et mars 2015 auprès de 1589 femmes en grande majorité cadres (80%) dans le privé (93%) et très diplômées (59% ont au moins un Bac +5), l'étude offre aussi un regard croisé de 3 générations (les femmes de moins de 30 ans, celles de 31 à 45 ans et les plus de 45 ans), en interrogeant leurs attentes professionnelles et en mesurant l'impact de la maternité sur l'évolution de leur carrière.
Premier constat émis par l'étude : l'ambition n'est pas l'apanage des hommes. Près de la moitié des femmes interrogées définissent volontiers leur vie professionnelle comme l'une de leur priorité dans la vie. 37% des femmes moins de 30 ans, 43% des 31-45 ans et 49% des femmes de plus de 45 ans considèrent d'ailleurs leur carrière comme " aussi importante que leur vie personnelle ".
Autre cliché mis à mal : celui voulant que seuls les hommes soient préoccupés par leur salaire tandis que les femmes recherchent avant tout un travail épanouissant. " Gagner plus " est d'ailleurs la préoccupation principale des femmes de moins de 45 ans, et la seconde des 45 ans et plus (derrière " travailler autrement ").
Cité par Recrut.com , Antoine Morgaut, du cabinet d'études Robert Walters affirme que si les femmes aspirent aujourd'hui à être mieux payées, c'est parce qu'elles considèrent la revalorisation salariale comme principal levier pour améliorer leurs conditions de travail.
Continuant de gagner en moyenne 8,5% de moins que leurs homologues masculins, les femmes cadres se sentent victimes d'autant plus victimes d'injustices qu'elles jugent avoir du mal à obtenir une augmentation.
Et si les moins de 30 ans considèrent en majorité que c'est leur jeunesse qui constitue le premier frein à leur évolution professionnelle, pour les plus de trente ans, c'est le fait d'être une femme qui est incriminé.
L'étude menée par À compétence égale s'intéresse aussi à l'impact de la maternité sur la carrière des femmes.
Bien que la majorité des sondées ont continué à travailler au même rythme après la naissance de leur enfant, de nombreuses femmes affirment avoir été mises à l'écart suite à leur retour de congé maternité. 25% des mères de plus de 30 ans et 20% des mères de moins de 20% ont ainsi été " écartées de prises de décisions auxquelles elles avaient l'habitude de participer au retour de leur congé maternité ".
Cette discrimination envers les mères de famille au travail a d'ailleurs incité plus d'un tiers des mères de moins de 45 ans à reporter ou renoncer à un projet de grossesse pour des raisons professionnelles. Plus généralement, un tiers des femmes interrogées avoue avoir vécu la maternité comme un obstacle à leur évolution professionnelle.
Se sentant lésées, voire discriminées par rapport à leurs homologues masculins (64% des répondantes trouvent que la situation des femmes dans l'emploi stagne), les femmes jugent essentiel de traiter de l'égalité professionnelle en entreprise : d'abord pour faire évoluer les mentalités, puis pour réduire les écarts salariaux, et enfin pour équilibrer les évolutions de carrière.