Terrafemina : Pourquoi ce livre ? Qu’apporte-t-il de plus que les autres ouvrages sur le sujet ?
Danièle Hermann : Parce que j’ai l’impression qu’il manquait. Il n’y a pas de livres sur le sujet. Je suis tombée des nues quand j’ai découvert les chiffres sur la mortalité des femmes. Moi qui croyait que la première cause de mortalité féminine était le cancer du sein, j’ai découvert qu’une femme sur vingt-six décédait des suites de cette maladie, contre une femme sur trois pour les maladies cardiovasculaires. Je veux donc sensibiliser les femmes, l’opinion publique à ce problème majeur, presque complètement ignoré. Ce livre est à la fois le fruit de mon expérience en tant que femme souffrant de graves cardiopathies depuis mon plus jeune âge (insuffisance cardiaque, opérations à cœur ouvert), de mon observation lors de mes fréquents séjours à l’hôpital, de mes contacts avec les médecins, cardiologues, chirurgiens, spécialistes et enfin de mon intérêt pour la recherche médicale dans ce domaine.
D. H. : Je le vois autour de moi : nous manquons cruellement d’information. Le corps médical est silencieux à ce sujet. Par ailleurs, j’entends ce manque en discutant avec des femmes souffrant de maladies cardiovasculaires, ou ayant été victimes d’un AVC. Elles ignoraient qu’elles étaient des femmes à risque, de par leur mode de vie par exemple. Leurs médecins ne les avaient jamais mises en garde. Elles ne prenaient pas soin de leur cœur et étaient plus focalisées sur leurs seins et la peur du cancer. Or, s’agissant des maladies vasculaires, la prévention au quotidien est primordiale.
D. H. : Les femmes ont une pression terrible et mènent plusieurs vies à la fois : une vie de femme, de mère, de « mec » au bureau, etc. Je dirais qu’au quotidien, les pires ennemis du cœur des femmes sont la cigarette, surtout associée à la pilule, une mauvaise alimentation, trop de gras, trop de sucre (cholestérol et diabète) ainsi que le stress qui est une bombe à retardement et enfin l’hypertension. Évidemment les dangers sont multipliés si vous combinez plusieurs de ces facteurs de risques, ce qui est généralement le cas.
D. H. : Bien se connaître et accepter de prendre un peu de temps pour soi est primordial. Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant, même à titre préventif ou à se faire dépister au moindre soupçon (bilan sanguin, échographie).
Il est par ailleurs recommandé d’adopter une alimentation équilibrée, d’arrêter ou d’éviter de fumer, de faire du sport (pas forcément énormément mais régulièrement) et d’éviter, dans la mesure du possible, les situations de stress. Mais surtout, il faut s’écouter et garder du temps pour se faire du bien.
D. H. : Prenez soin de vous, prenez soin de votre cœur. C’est trop important et personne ne le fera à votre place.
Crédit photo : Stockbyte
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