Il paraît que les femmes ont la fâcheuse manie de trop s'excuser, surtout au travail, alors qu'elles n'en ont strictement aucun besoin. Pourquoi ? Pour ne pas se faire remarquer, pour ne pas passer pour une chieuse, pour ne pas froisser l'égo délicat de leur interlocuteur-ice, pour ne pas avoir l'air hautaine... Bref, tous les prétextes sont bons à prendre.
Résultat, dans les conversations professionnelles, on aurait un peu tendance à ajouter des euphémismes un peu partout pour tenter de minimiser l'impact de nos mots, leur donner moins d'importance et les faire paraître un peu moins impressionnants.
Si de plus en plus d'articles fleurissent sur la toile à ce sujet, il fallait bien que quelqu'un se décide à trouver une solution plus efficace que la simple communication - il ne suffit pas de dire aux femmes de surveiller leur langage et d'apprendre à moins s'excuser, encore faut-il trouver le bon moyen pour les aider à abandonner cette sale habitude.
Des développeurs ont donc décidé de bondir sur l'occasion en créant une extension Chrome toute indiquée. Intitulée Just Not Sorry, cette application fonctionne comme un correcteur automatique, sauf qu'au lieu de souligner vos fautes en rouge, elle souligne des mots-clés à remplacer dans votre texte. Parmi eux, on retrouve "désolée", "en fait", "je ne suis pas une experte", ou encore "juste" - des termes qu'on utiliserait trop souvent pour tempérer nos propos dans nos mails pro et autres échanges formels.
Résultat, on ne pourra plus ponctuer nos mails de termes qui ne visent qu'à faire passer la pilule plus en douceur, histoire de projeter une image moins agressive ou sèche et ça devrait nous aider à être plus sûres de nous, plus affirmées et plus fermes dans nos échanges.
L'idée est venue à la PDG Tami Reiss lorsqu'elle se trouvait à un brunch pour la Ligue des Femmes Extraordinaires. Après avoir parlé de la façon dont les femmes se présentaient aux autres dans leur environnement professionnel, elle a réalisé une chose : "Les femmes avaient tendance à adoucir leurs propos dans des situations qui appelaient plutôt du franc-parler et des qualités de leader."
Mais cette extension ne ravit pas tout le monde.
Pour Jessica Grose, du Washington Post, cette approche paternaliste et infantilisante n'a rien de très positif :
"Je nourris l'espoir fervent qu'en 2016 il y ait moins d'articles et d'accessoires technologiques visant à apprendre aux femmes - et particulièrement aux jeunes femmes - à mieux s'exprimer, écrire, et se présenter au monde."
Pour elle, l'utilisation du terme "désolée" ne signifie pas toujours que la personne qui l'écrit s'excuse véritablement. C'est aussi un outil pour adoucir la conversation, mettre son interlocuteur à l'aise et réduire un peu les distances formelles qui séparent la femme en question et la personne à laquelle elle s'adresse. De plus, on ne parle pas de la même façon à son supérieur qu'a ses subordonnés - l'outil ne s'adaptant pas aux différentes situations, il ne fera que souligner ce qu'il estime être en trop sans analyser les raisons pour lesquelles ces termes ont été choisis.
La solution est simple : selon Jessica Grose, les choses iront mieux lorsqu'on arrêtera de décortiquer les propos des femmes en essayant d'y trouver des failles et des améliorations et qu'elles se sentiront libres de s'exprimer franchement sans crainte d'être sans cesse jugées et analysées.