Susan Carland est Australienne et convertie à l'islam. Si le premier point ne lui attire pas particulièrement d'ennuis, le second, en revanche, poussent tous ceux qui la croisent virtuellement à donner leur avis sur sa religion, ce qu'elle pense, et ce qu'elle représente.
Régulièrement, elle doit donc essuyer les insultes racistes et ignorantes de trolls qui, bien à l'abri derrière leur écran, pensent pouvoir se permettre d'injecter de la haine dans le quotidien d'une personne qu'ils ne connaissent pas et qui ne leur a jamais rien fait. C'est malheureusement le quotidien de beaucoup sur internet, particulièrement les femmes, particulièrement victimes du harcèlement virtuel.
Mais Susan a trouvé un moyen intelligent et constructif de réagir à ces flots de violence. Le 22 octobre dernier, elle a annoncé sa nouvelle résolution sur Twitter :
Pour chaque tweet haineux qu'elle reçoit, elle donnera 1$ à l'UNICEF, l'agence de l'Organisation des Nations unies consacrée à l'amélioration et à la promotion de la condition des enfants. Elle ajoute : "Les enfants dans le besoin vous remercient, les haters !".
Pour développer un peu, raconter son histoire et ce qui l'a amenée à entamer cette démarche atypique et généreuse, elle a rédigé un article sur le site The Age le 13 novembre dernier.
"Je reçois régulièrement des tweets et des messages Facebook de la part de braves défenseurs de la liberté qui se cachent derrière des comptes anonymes pour me dire qu'en tant que femme musulmane, j'aime l'oppression, le meurtre, la guerre et le sexisme.
Ils ne s'intéressent pas à ce que je pense réellement de toutes ces choses, ou de quoi que ce soit d'autre. (...) Je suis une toile vierge sur laquelle ils projettent leurs propres préjugés et fantasmes à propos des musulmans.
(...)
Alors pour répondre à toute cette haine que je reçois simplement parce que je suis musulmane, il m'a semblé naturel de trouver une réponse qui soit justement inspirée de ma foi.
Un jour, alors que j'étais assise devant mon ordinateur, à lire le joyeux flot de toxicité qu'on m'envoyait, je me suis demandé quelle serait la réponse la plus édifiante. Le Coran dit "Le bien et le mal ne sont pas égaux. Repousse le mal par ce qui est meilleur." J'ai essayé de bloquer, de 'muter', de répondre et d'ignorer, mais rien de tout ça ne me donnait l'impression de repousser les ténèbres par la lumière.
Alors j'ai eu l'idée de donner 1$ à l'UNICEF pour chaque tweet haineux qui me serait adressé. J'aimais particulièrement l'idée de donner à UNICEF, parce qu'ils portent souvent secours à des enfants qui ont vécu des drames atroces qui découlaient directement de la haine - la guerre, la pauvreté dûe à la cupidité, l'injustice, la violence. Ces enfants me sont apparus comme les bénéficiaires tout indiqués pour cet antidote contre la haine."
Cela fait donc des mois que Susan honore son engagement en faisant régulièrement des dons pour contrebalancer l'afflux de haine dont elle est témoin et victime. Résultat, non seulement elle apporte un peu de bien, mais elle se sent elle-même bien plus détendue et bien plus à l'aise avec son identité.
Aujourd'hui, elle a dépensé plus de 1000$ en dons (ce qui équivaut donc à un millier d'insultes) et si elle s'inquiète de voir son compte en banque passer au rouge à force de faire des dons, elle ajoute également que ce serait une bien belle façon de faire faillite.