Le dernier Conseil des ministres avant la trêve estivale du gouvernement devait être l'occasion pour la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de présenter son projet d'ordonnance pour « simplifier et sécuriser la vie des entreprises ». Une fois l'ordre du jour tenu, la garde des Sceaux s'est alors lancée dans un recadrage en règle à l'adresse du ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg.
Le Canard Enchaîné relate la prise de parole de la ministre, mercredi 6 août. « J'en profite, monsieur le Président, puisque j'ai la parole, pour dire que je ne suis pas du tout satisfaite de la façon dont le ministre de l'Economie prépare sa loi sur les professions réglementées », a asséné Christiane Taubira. Et la ministre adepte des déplacements en bicyclette de poursuivre : « Je n'y suis pas du tout associée, alors que les cas des avocats, des notaires, des huissiers relèvent de la tutelle de la ministre de la Justice et pas de celui de l'Economie. Je veux rester en responsabilité des professions juridiques. Je ne veux pas que ce soit le ministre de l'Economie qui se saisisse d'un dossier qui fait partie de mon domaine de compétence ».
Le locataire de Bercy aurait, selon l'hebdomadaire satirique, répondu à la pique par un « sourire figé ». Motif de la bisbille gouvernementale entre le chantre du « made in France » et la ministre de la Justice : le projet de loi sur les professions réglementées dévoilé par Arnaud Montebourg le 10 juillet dernier au ministère de l'Economie. Le texte doit être présenté à la rentrée en Conseil des ministres et entend « remettre en mouvement l'économie » et redistribuer 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français en luttant, selon Montebourg « contre la rente et le monopole » de certaines professions.
Dans le collimateur de Bercy : les professions juridiques. Le ministère aurait d'ores et déjà saisi l'Autorité de la concurrence afin que celle-ci se penche sur les grilles tarifaires des greffiers de tribunaux de commerce, des huissiers de justice, notaires, administrateurs et mandataires judiciaires. Des professions juridiques que Christiane Taubira entend bien garder dans le giron de son ministère.
Manuel Valls n'aurait, quant à lui, que très peu goûté l'intervention de la ministre. D'après Le Canard, le Premier ministre aurait lancé agacé : « Ce n'est pas à l'ordre du Conseil. Le débat n'est donc pas ouvert ». Peut-être le sera-t-il dès la fin du mois d'août lors de la rentrée de l'exécutif qui s'annonce, a priori, sportive.