Mélanie Schmidt-Ulmann : En fait j’ai remarqué chez toutes les mamans que j’accompagnais durant leur grossesse, que le sujet de la sexualité était tabou. Les femmes n’osent pas l’aborder dans le suivi médical de leur grossesse. Pourtant, paradoxalement, elles ont besoin d’en parler. Toutes les femmes sont différentes mais chacune se pose ces mêmes questions : comment dois-je faire l’amour, que va penser mon compagnon, est-ce normal que j’ai une chute de ma libido ? En plus, il y a beaucoup de fausses croyances autour de la grossesse comme la peur de blesser le bébé pendant l’acte sexuel, de provoquer des contractions… En prenant soin de sa sexualité pendant la grossesse, il est d’autant plus facile de la retrouver après.
M.S-U : Chaque femme a son histoire et vit différemment sa grossesse. Certaines vont avoir une sexualité épanouie, d’autres quasi-inexistante. Beaucoup d’éléments peuvent interférer, par exemple si le couple a eu des difficultés pour concevoir l’enfant. Après il y a les hormones qui influencent toute la vie de la femme enceinte et bouleversent sa libido. Au cours du premier trimestre, souvent les femmes mettent leur sexualité entre parenthèses. Car c’est une période difficile, elles sont en plein chamboulement hormonal. Les nausées, la fatigue, les gonflements, bref ce nouvel état de femme enceinte, y compris dans sa dimension psychologique, n’est pas propice aux relations sexuelles. Le 2ème trimestre peut être comparé à la lune de miel de la grossesse. J’ai entendu des femmes dire qu’elles ont connu leur premier orgasme à cette période. Quand au dernier trimestre, c’est encore autre chose : l’attente du bébé, on prépare l’accouchement et tout cela devient très concret.
M.S-U : Les relations intimes vont changer, il faut en être conscient et adapter son attitude par rapport à ce que l’on ressent. Il faut ne pas s’interdire d’essayer, continuer à prendre soin de soi, rester sensuelle, même si ce n’est pas évident. C’est le principe des « Hot mamas », ces femmes américaines qui, enceintes, font le pari de rester sexy et de faire l’amour, tout du moins d’essayer. Le couple n’a pas à se forcer à faire l’amour mais juste maintenir une complicité, un désir sexuel : prendre une douche ensemble, se faire des massages, tenter des jeux coquins… essayer des choses ensembles et ne pas juste attendre l’arrivée du bébé.
M.S-U : Les hommes réagissent différemment, certains vont aimer le corps de leur femme enceinte, d’autres vont être réticents à faire l’amour. L’important est que le couple reste connecté, que chacun communique avec l’autre sans tabou. L’homme doit considérer sa femme comme une femme et non pas comme une future maman. Elle, doit le rassurer, prendre en compte ses besoins, mettre des mots sur ce qu’elle ressent. L’homme ne devient père qu’à la naissance contrairement à la femme qui se sent mère dès les premiers mois de la grossesse.
M.S-U : Après la grossesse, on dit qu’il faut attendre un mois avant d’avoir des relations sexuelles. Mais à ce moment là, on a souvent d’autres préoccupations que de passer une nuit d’amour. Le couple est concentré sur le bébé, se cale et s’adapte en fonction de lui. Toute l’attention est focalisée sur le nouveau né. Il faut déjà anticiper en se disant que la sexualité ne pourra pas être la même tout de suite, ne pas précipiter les choses, se donner le temps. Car l’on n’est jamais préparé, le corps de la femme n’est plus celui d’avant, la chute des hormones a un impact physique et psychologique, l’allaitement entraîne une baisse de libido quand on allaite. Après l’accouchement le couple doit rester complice, le fait de faire participer le père aux soins du bébé est essentiel car sinon celui-ci peut se sentir exclu d’une relation trop fusionnelle et du coup avoir peur de s’occuper de sa femme.
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