cinéma
A découvrir au cinéma : "Rivière", ou quand le féminisme s'énonce sur la patinoire
Publié le 30 octobre 2024 à 11:31
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
A découvrir en salles dès ce 30 octobre, “Rivière” est une belle curiosité tout droit venue de Suisse. Une jeune fille en quête de père y dévoile ses aptitudes de hockeyeuse et découvre la sororité. Comme un mix entre le “Bliss” de Drew Barrymore et les films de Céline Sciamma !
A découvrir au cinéma : "Rivière", ou quand le féminisme s'énonce sur la patinoire
A découvrir au cinéma : "Rivière", ou quand le féminisme s'énonce sur la patinoire En salles dès ce 30 octobre, “Rivière” est une belle curiosité venue de Suisse. Une jeune fille en quête de père y dévoile ses aptitudes de hockeyeuse et découvre la sororité. Avec sa BO électro aux sonorités aériennes, ses jeunes comédiens très authentiques et son ambiance grisante, ce portrait d’une nouvelle génération qui s’écrit beaucoup au féminin renvoie avec éclat au désormais culte Naissance des pieuvres de Céline Sciamma... Un autre film sportif - aquatique celui-ci - où se perçoivent les mêmes troubles et la même sensibilité. Comme le cinéma de Céline Sciamma, Rivière est une chronique physique et queer (de fille qui aime les filles), délicatement intime et politique… Loin des films sportifs familiaux américains alourdis de stéréotypes, Rivière va devancer tous les clichés et autres passages obligés en magnifiant la singularité de son héroïne.
La suite après la publicité

Peut-on écrire “Féminisme” sur la glace ?

Chose inédite : Rivière répond à cette question en érigeant la patinoire… En territoire d’émancipation ! Et oui. D’empouvoirement, il en est question dans ce portrait d’une Suisse de 17 ans à découvrir dès ce 30 octobre en salles. 

Cette jeune fille, c’est Manon, arrivée à Belfort pour retrouver son père (le fameux Rivière du titre, Frank de son prénom)... et qui va finalement s’adonner aux compétitions locales de hockey. Domaine très masculin qu’elle connaît bien puisque dans son pays natal elle affrontait directement les garçons sur la glace, excellant à son poste d'ailier-droit. 

C’est donc à coups de crosse que va s’écrire ce “coming of age” très insolite. Décors enneigés, arbres recouverts de glace, nuit noire profonde… Dès sa première demi heure, ce portrait vivace vient nous troubler avec un ton à la fois très naturaliste et délicatement onirique. 

Sous couvert d’un pitch sportif qui rappelle le très mésestimé Bliss de Drew Barrymore (avec Elliot Page), ce premier film envoûtant se dirige plutôt vers d’autres chemins, beaucoup plus audacieux…

Un portrait de fille moderne dans un décor aux faux airs de conte hivernal

Avec sa BO électro aux sonorités aériennes, ses jeunes comédiens très authentiques et son ambiance grisante, ce portrait d’une nouvelle génération qui s’écrit beaucoup au féminin renvoie avec éclat au désormais culte Naissance des pieuvres de Céline Sciamma, avec Adèle Haenel. Un autre film sportif - aquatique celui-ci - où se perçoivent les mêmes troubles et la même sensibilité. 

Comme le cinéma de Céline Sciamma (que nous décryptons passionnément ici), Rivière est une chronique physique et queer, délicatement intime et politique…

Une sensibilité qui se perçoit d’ailleurs à travers quelques piques bien senties comme cet échange entre représentantes de la génération Z : “T’as un mec ?” “J’ai pas le temps pour les mecs !”. Dans le panorama social très atypique que met en scène le réalisateur Hughes Hariche, ces post-adolescents, loin de leurs modèles parentaux, s’amusent et “s’ambiancent” ensemble sur la glace (l’espace de scènes de glisse particulièrement intenses) et le font même la nuit, entre deux vodkas tonics. 

Garçons et filles répondent à l’ennui et à l’incertitude en laissant parler leurs crosses. Une fuite en avant ? Plutôt une forme d’expression artistique à part entière. Et collective qui plus est. A l’unisson de cette liberté, loin des films sportifs familiaux américains alourdis de stéréotypes, Rivière va devancer tous les clichés et autres passages obligés en magnifiant la singularité de son héroïne. 

Et en célébrant au passage la visibilité toute aussi urgente… des femmes qui aiment les femmes.

Un portrait de fille moderne dans un décor aux faux airs de conte hivernal. 

Rivière, de Hugues Hariche. Avec Flavie Delangle, Sarah Bramms. En salles depuis le 30 octobre.

Mots clés
cinéma sortie sport feminisme
Sur le même thème
Les vies trans comptent : face à la haine, Elliot Page remercie la communauté LGBTQ qui l'a aidé à se sentir "enfin chez lui" play_circle
Culture
Les vies trans comptent : face à la haine, Elliot Page remercie la communauté LGBTQ qui l'a aidé à se sentir "enfin chez lui"
9 août 2024
Il y a 22 ans, ce magnifique portrait de femme à découvrir sur ARTE nous parlait déjà de polyamour (avec une sublime Ariane Ascaride) play_circle
Culture
Il y a 22 ans, ce magnifique portrait de femme à découvrir sur ARTE nous parlait déjà de polyamour (avec une sublime Ariane Ascaride)
10 septembre 2024
"La place des femmes est à la maison" : cette équipe indigène de softball féminin a défié le machisme au Mexique
cinéma
"La place des femmes est à la maison" : cette équipe indigène de softball féminin a défié le machisme au Mexique
2 juin 2024
Les articles similaires
"Adèle Haenel, moi, je veux juste lui dire : merci !", témoigne Noémie Merlant, émue (et nous avec) play_circle
Culture
"Adèle Haenel, moi, je veux juste lui dire : merci !", témoigne Noémie Merlant, émue (et nous avec)
24 septembre 2024
Festival d'Avignon 2024: notre sélection de spectacles audacieux et engagés à voir absolument au "IN" play_circle
Culture
Festival d'Avignon 2024: notre sélection de spectacles audacieux et engagés à voir absolument au "IN"
27 juin 2024
Dernières actualités
Joker 2 : Joaquin Phoenix refuse de répondre à un journaliste en conférence (et explique pourquoi) play_circle
cinéma
Joker 2 : Joaquin Phoenix refuse de répondre à un journaliste en conférence (et explique pourquoi)
20 novembre 2024
Florence Pugh a fait congeler ses ovocytes à 27 ans : elle témoigne play_circle
Santé
Florence Pugh a fait congeler ses ovocytes à 27 ans : elle témoigne
20 novembre 2024
Dernières news