Préserver "le rêve d'être mère", voilà l'argument qu'évoque la chanteuse et star des réseaux sociaux Nermine Sfar à ses internautes pour les encourager à considérer la procédure. Sur Instagram, l'influenceuse de 31 ans a annoncé avoir "décidé de congeler mes ovocytes", et ce, malgré l'interdiction de la loi tunisienne dans son cas.
Car voilà, dans le pays d'Afrique du Nord, la pratique est strictement réservée aux femmes mariées ou célibataires "soumises à un traitement ou qui se préparent à subir un acte pouvant affecter leur capacité à procréer", explique l'AFP. Les raisons personnelles, bien souvent liées à la carrière, en sont donc exclues.
Rapidement, le texte de l'influenceuse a retenu l'attention des médias. S'en est suivi un débat dans tout le pays sur l'élargissement des conditions imposées.
Si certain·es jugent secondaire cette discussion "dans un pays en crise politico-économique", explique l'AFP, "d'autres ont souligné son importance dans une nation pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes". Pour une internaute en tout cas, l'hostilité que réservent certaines personnes à un projet aussi important est critiquable. "En Tunisie, il y a malheureusement des cerveaux et des lois congelés", lâche-t-elle.
Le docteur Fethi Zhiwa, chef de l'unité de fécondation in vitro à l'hôpital Aziza-Othmana de Tunis, constate de son côté "une demande pressante de jeunes femmes célibataires, pratiquement tous les jours", confirme-t-il à l'agence de presse. Ce boom se serait accéléré "ces cinq dernières années en raison de l'évolution de la société tunisienne, où l'âge moyen de mariage chez les femmes est de 33 ans". Et d'observer : "Il y a un décalage entre l'âge biologique, qui commande l'âge de la reproduction, et l'âge sociétal, qui commande l'évolution des carrières."
Pour Yosra Frawes, militante tunisienne des droits des femmes, l'annonce de Nermine Sfar a "démocratisé un sujet qui était rarement abordé en Tunisie, parce que la société civile était distraite par d'autres questions". Nécessaire, donc, et ça ne concerne pas uniquement le domaine de la procréation. "Grâce aux médias sociaux, les femmes ont une plus grande liberté de parole", se réjouit l'activiste. "Des sujets qui étaient auparavant tabous sont maintenant discutés ouvertement".