Du haut de ses 100 ans, Lisel Heise n'a qu'un but : se battre pour l'avenir de la planète et tirer des leçons de l'Histoire sombre qu'elle a vécue. Cette retraitée de l'Education nationale allemande a décidé de se lancer en politique début 2019, après qu'on ait injustement coupé son micro lors d'une assemblée publique. Elle s'exprimait alors sur la nécessité, selon elle, de rouvrir une piscine extérieure. "Quand j'ai commencé (à parler), certains ne voulaient vraiment pas m'écouter et sont allés jusqu'à débrancher la prise du micro", confie-t-elle à l'AFP. "Aujourd'hui, des gens du monde entier viennent me parler. Qui rit désormais ?" Elle, sans aucun doute.
Au printemps, elle a été élue au conseil municipal de Kirchheimbolanden, en Rhénanie-Palatinat (Allemagne de l'Ouest), et connaît une popularité grandissante. "Elle a un caractère fort et beaucoup d'énergie", affirme Thomas Bock, l'un de ses confrères qui l'a encouragée à se présenter après avoir vu en elle une alliée potentielle. "Tout le monde la respecte", assure-t-il.
Son combat principal ? L'écologie. Admirative du parcours de la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, à l'origine du mouvement "Fridays for Future", et décidée à agir pour préserver l'environnement (elle se bat notamment contre l'industrie automobile allemande), elle avoue que "les jeunes [lui] donnent vraiment de l'espoir". Et ne souhaite en aucun cas rester spectatrice de cette vague de mobilisation et de changement, à l'instar des "Oma gegen Rechts" ("Les grands-mères contre la droite"), un mouvement de personnes âgées venu d'Autriche qui se battent pour une Europe libre et juste.
Dans la maison qu'elle occupe avec l'un de ses quatre enfants et son petit-fils, Lisel reçoit désormais beaucoup. Dans son salon, beaucoup de livres sont exposés, dont l'un qui porte Barack Obama en couverture. Un homme politique qu'elle affectionne particulièrement, comme le rapporte l'AFP : "Un dirigeant politique doit avoir une vision et une pensée logique mais aussi humaniste", explique-t-elle. Des qualités qu'elle ne retrouve pas chez l'actuel président des Etats-Unis, dont la famille serait originaire d'un petit village voisin, Kallstadt. "J'ai honte que grand-père soit d'ici", martèle-t-elle.
Pour Sepandar Lashkari, qui habite le village depuis son adolescence, après avoir émigré d'Iran, l'influence et le caractère de Lisel sont extrêmement bénéfiques. "Beaucoup de gens sont devenus plus actifs politiquement grâce à elle. Elle inspire jeunes et vieux d'une manière très positive", loin du "cynisme" qui pollue selon lui la politique. Espérons que sa mobilisation soit contagieuse de ce côté du Rhin.