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Oui, dire "vagin", "pénis" ou "vulve" à son enfant, c'est important
Publié le 6 janvier 2021 à 17:30
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Question d'éducation sexuelle, mais surtout d'éducation tout court : les mots importent, et on ne le dit jamais assez. En ce sens, nommer correctement les appareils génitaux compte. Oui oui, même si cela vous effraie de dire "vulve", "pénis" ou "vagin" à votre enfant.
Dire les mots "vulve", "pénis" ou "vagin" est synonyme d'empouvoirement pour vos enfants. Dire les mots "vulve", "pénis" ou "vagin" est synonyme d'empouvoirement pour vos enfants.© Adobe Stock
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Zizi, zézette, kiki, quéquette... Ils abondent, les noms à la fois rigolos et intensément ringards employés pour désigner l'anatomie intime des filles et des garçons. Ces mots sont volontiers brandis par et pour les enfants, rires à l'appui, comme s'il s'agissait d'appliquer à certains tabous une légère couche de dérision et de mignonnerie, histoire de mieux faire passer la pilule. Rien de grave là-dedans ? Peut-être.

Et pourtant, dire (correctement) les choses compte. Vraiment. C'est ce sur quoi insistent de plus en plus de voix expertes aujourd'hui. Parents et spécialistes comprennent que la désignation correcte des appareils génitaux participe à la bonne éducation des enfants, leur rapport direct au monde et aux autres, mais aussi la relation qu'ils nourrissent envers leur propre corps. Autant de vertus psychologiques loin d'être anodines, n'est-ce pas ?

Si l'on dit nez, jambes ou genoux, pourquoi ne dit-on pas "vagin", "pénis", "vulve" ? La question mérite d'être posée. Et les réponses offrent autant de pistes pédagogiques enrichissantes. Petit passage en revue.

Dire les choses, mais pourquoi ?

Oui, le vocabulaire compte, surtout dans cette période d'initiation et de construction par excellence qu'est l'enfance. On pourrait croire que les expressions utilisées pour rendre les termes anatomiques plus familiers permettent une approche beaucoup plus décomplexée de l'intimité. Mais en vérité, pas vraiment. Au contraire, ce rapport singulier aux mots peut engendrer tout un lot de non-dits, de tabous, d'appréhensions diverses.

C'est d'ailleurs ce sur quoi insiste la psychothérapeute Karla Helbert auprès de Today Moms : "Parfois, lorsque les gens donnent tous ces noms aux organes génitaux, cela induit un sentiment de honte, l'idée selon laquelle il ne faudrait pas nommer", raconte l'experte. Karla Helbert est mère d'une petite fille de cinq ans qui emploie sans détour les mots "vagin" et "vulve". Une évidence pour celle qui voit là une manière de contrer les complexes. Des complexes qui, au fil des années, peuvent s'accroître.

Dire, c'est aussi rappeler que l'intimité, le corps, la sexualité, n'ont rien de mauvais. Inutile donc de leur attribuer de curieux sobriquets. Enoncer, c'est enfin inciter les enfants à mieux se connaître et s'identifier.

Vulve, pénis, vagin : bien choisir les mots pour communiquer avec vos enfants. © Adobe Stock
Parler plus librement (de tout)

Et ca, la psychothérapeute n'est pas seule à l'affirmer. Dans les pages du journal The Atlantic, Laura Palumbo abonde. Spécialiste de la prévention au sein du National Sexual Violence Resource Center (NSVRC pour les intimes), organisme spécialisé dans le traitement des violences sexuelles, la spécialiste encourage à limiter l'usage des synonymes trop "pipi caca". Elle explique pourquoi : "Enseigner aux enfants des termes anatomiquement corrects, en fonction de leur âge, promeut une image du corps beaucoup plus positive".

Mais pas seulement. Parler ouvertement d'anatomie engendrerait également des effets positifs sur la confiance en soi, ou encore la complicité entre les parents et leurs enfants... Et surtout, l'éveil de la conscience de l'enfant. Comprendre, sa sensibilisation. A des choses comme le respect d'autrui, de son consentement et de son intimité, bien sûr, mais également, aux éventuelles situations d'agressions dont ils pourraient être victimes.

C'est en partie pour cela que Laura Palumbo mène son espèce de "lutte du langage" face aux euphémismes qui submergent le nôtre. A en croire l'experte, qui dit meilleur choix des mots dit meilleure communication, et qui dit meilleure communication dit conversations plus aisées à propos de ce que pourrait vivre l'enfant - et alerter les parents. "Il est important d'utiliser les termes anatomiques officiels pour que les enfants puissent parler plus librement des problèmes médicaux qu'ils rencontrent, mais aussi des potentielles violences", nous assure à l'unisson The Atlantic.

Comment bien choisir son langage pour parler corps et sexualité à ses enfant ? © Adobe Stock
Le langage, un pouvoir ?

Le média américain nous l'énonce : oui, le langage, et surtout son bon usage, peut être "empouvoirant" pour les enfants. C'est ce sur quoi insiste le blog d'éducation féministe A Mighty Girl : il faut appeler une vulve une vulve, tous les éducateurs insistent sur ce point. Pour éveiller la conscience de nos chères petites têtes blondes, bien sûr, mais aussi celles des parents, pas forcément enthousiastes à l'idée d'employer ces termes de but en blanc. Pourtant, le rapport au corps est toujours ce qui génère les premières questions de leurs enfants.

"Nous ne voulons pas que les enfants pensent qu'ils vont avoir des ennuis en posant des questions sur la sexualité et la santé. En ce sens, nous avons besoin que tous les adultes deviennent de vrais partenaires pour tout enseignement qui a trait au développement et à l'intimité", explique encore l'experte Laura Palumbo. Et leur rappeler que si ces mots sont déployés l'espace d'une conversation, ils n'ont aucune raison d'être cachés.

Et si on parlait franchement des choses de la vie à nos enfants ? © Adobe Stock

Pédiatre et experte de la santé des enfants, la Dr Natasha Burgert en a même fait le coeur de l'un des billets de son blog : "Je dis 'pénis' et 'vagin', et vous devriez aussi. Faites-le pour votre enfant". Pourquoi cela ? Car les noms rigolos rendent l'anatomie "trop bizarre et vague". Difficile de bien enseigner sans vocabulaire précis, et, pour les plus jeunes, de s'approprier leur corps. Enfin, poursuit l'experte, un parent qui en parle sans détour prouve à son enfant qu'il est gage de confiance.

"En tant que parents, nous devons surmonter nos propres craintes pour être plus honnêtes et francs avec nos enfants, en toutes choses. Cela nous servira aussi bien maintenant qu'à l'avenir", achève la pédiatre.

Et si vous appliquiez ces conseils de pro au quotidien ?

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