Pour faire entendre leur voix, ils ont trouvé la solution : faire silence. À l'occasion de la Fête de la musique, une cinquantaine de bars parisiens, principalement situés dans les IXe, Xe et XIe arrondissements, resteront fermés ce samedi 21 juin.
Le but affiché ? S'élever contre « la chappe de plomb qui pèse sur Paris » et protester contre les « agissements abusifs de la préfecture » et le « manque de volonté politique de la mairie de Paris » qui nuisent à leur activité nocturne. Cette semaine encore, la Mécanique Ondulatoire, bar réputé du XIe arrondissement, a fermé administrativement.
Les patrons de bar en ont « marre de faire les amuseurs publics d'un soir dans l'année, dépenser de la location de matos et payer des artistes pour amuser le sorteur endimanché, tout ça pour se faire emmerder les 364 jours restants », explique Clément Léon R. le « maire de la nuit » à l'origine de l'appel au boycott.
Lancé début juin par l'association, l'appel à « ne faire aucun bruit, aucun concert, aucun DJ set [...] pour la Fête de la musique » a été entendu par de nombreux établissements de la nuit parisienne, las d'essuyer les « plaintes des associations de riverains » pour tapage nocturne. « C'est un sacrifice pour ces patrons, car c'est un soir de fête, très populaire, mais nous voulons être écoutés par la mairie, qui privilégie les associations de riverains. Les fermetures administratives sont de plus en plus nombreuses, les fermetures de terrasse aussi », explique Clément Léon R., avant de rappeler que ces fermetures « menacent des centaines d'emplois et la convivialité de Paris la nuit ».
Parmi les bars qui ont appelé au boycott, une trentaine d'entre eux se situent dans le XIe arrondissement, l'épicentre de la vie nocturne parisienne. Les rues Amelot, Saint-Maur, Oberkampf et Jean-Pierre Timbaud seront particulièrement touchées. Interrogé par Le Monde, Selim Hammoumi, président de l'association Village Timbaud explique : « Nous avons fait beaucoup pendant trois ans pour lutter contre le bruit : nous avons mis des sondes sonores devant nos établissements, embauché des "chutteurs", mis en place une hotline où les riverains pouvaient appeler, mais la pression ne cesse de s'accentuer. Aujourd'hui nous perdons du chiffre d'affaires, le quartier est en train de chuter ». « On fermera et on mettra des draps noirs », poursuit-il.
En attendant la mise en place d'un « conseil de la nuit », censé se réunir « avant l'été 2014 », d'autres établissements, situés notamment dans les XVIIe, XVIIIe et XIXe arrondissements, devraient eux aussi suivre le mouvement « Faîtes du silence » en affichant sur leur devanture une affiche proclamant : « Boycottons la Fête de la musique. Nous protestons contre la politique anti-convivialité qui règne à Paris les 364 autres jours de l'année ».
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