Une découverte invraisemblable. Vendredi 25 octobre, une petite fille, âgée de 15 à 23 mois a été retrouvée dans un coffre de voiture, nue, sale, déshydratée et les yeux révulsés par les employés d'un garage Etap Auto de Terrasson, en Dordogne. La mère, une femme de 45 ans qui avait emmené sa Peugeot 307 au garage pour un contrôle aurait, selon les premiers éléments de l'enquête, dissimulé l'existence de la fillette jusqu'à son propre mari. Le couple, déjà parent de trois enfants, a été mis en examen pour privation de soins, violence habituelle sur mineur et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état-civil d'un enfant et laissé en liberté sous contrôle judiciaire strict.
Cette affaire, qui a provoqué l'émoi de la communauté de Brignac-la-Plaine (Corrèze), où réside le couple, suscite aujourd'hui de nombreuses questions. La mère faisait-elle un déni de grossesse ? Comment le mari n'a-t-il pas pu se rendre compte qu'un bébé était caché dans le coffre de la voiture ? Combien de temps la petite fille, aujourd'hui dans un état stable, y a-t-elle été dissimulée ? Gardera-t-elle des séquelles de ces mois de mauvais traitements ?
Dimanche 27 octobre, Jean-Pierre Laffite, le procureur de Brive, n'a pas été en mesure de confirmer si la fillette avait passé, ou non, la majeure partie de sa vie dans le coffre. Selon les déclarations faites par les pompiers à Guillaume Iguacel, le garagiste qui a trouvé l'enfant, cette dernière serait sans doute morte privée d'oxygène si elle était restée dans le coffre « entre quinze minutes et une demi-heure de plus ».
Interrogé par Le Parisien, Guillaume Iguacel a avoué être encore sous le choc de cette terrible découverte. « J'ai encore du mal à dormir, c'est un spectacle horrifiant, voire une petite dans ses excréments, ne pas pouvoir tenir sa tête, blanche comme du plâtre et avec les yeux qui tournaient à l'envers, c'est impressionnant », a-t-il confié. D'autant, précise-t-il, que la mère « ne trouvait pas cela anormal, c'est ce qui nous a profondément choqués […] Est-ce que pour elle ça a été une forme de délivrance qu'on retrouve l'enfant, je ne sais pas ». Il se souvient que la mère « était déjà venue faire des travaux au garage et il y avait déjà cette odeur dans le véhicule », étayant la thèse selon laquelle le bébé y était régulièrement enfermé.
Aujourd'hui hospitalisée à Brive, où « son état de santé s'améliore », la fillette âgée entre 15 et 23 mois présente, selon le parquet, des « retards importants » de poids, de taille, psychomoteurs, et nécessitera une « prise en charge extrêmement lourde ». Un diagnostic confirmé par le Dr Alain Zivi. Interrogé par Francetvinfo, le pédopsychiatre explique que si la petite fille ne conserve pas à proprement parler des souvenirs de ces mois de calvaire, elle en gardera des traces émotionnelles et saura « d'une façon ou d'une autre, qu'elle a vécu de grandes carences au début de sa vie ». Par ailleurs, précise le docteur, « étant donné l'isolement qu'elle a connu », la fillette aura « très certainement un handicap ou des troubles autistiques ». Parce qu'il s'agit d'un cas « que l'on peut qualifier de très lourd », Alain Zivi préconise qu'elle soit « placée dans une famille d'accueil spécialisée, entourée par des médecins ».