Des femmes, des adolescentes de 14 ou 16 ans et même des fillettes, toutes équipées sous leur hijab de ceintures explosives. Boko Haram ne recule devant aucune atrocité pour perpétrer ses tueries quasi-quotidiennes dans le nord du Nigeria. Ainsi, le 22 février, une fillette de 7 ans se faisait exploser à Potiskum, dans le nord-est du pays, tuant sept personnes.
Un mois auparavant, le 10 janvier, « une bombe explose sur un marché de Maiduguri, faisant 20 morts et 18 blessés » (vidéo ci-dessous), rappelle France 24. « Ceinte sous les explosifs, une fillette de 10 ans ». La secte islamiste, conduite par Abubakar Shekau, a fait de ces enfants une nouvelle arme de terreur pour élargir son territoire au nord-est du pays.
Ces attentats suicides conduits par des fillettes et des femmes sont un phénomène nouveau aussi bien au Nigeria que sur le continent africain. En effet, la première attaque kamikaze féminine de Boko Haram a eu lieu au mois de juin 2014. En juillet, la ville de Kano, le plus grande du nord du Nigeria, avait même plongé dans la psychose après une série d'attentats-suicides perpétrés par des femmes.
« On s’attendait à une utilisation des femmes de manière occasionnelle, mais c’est devenu une véritable stratégie mise en place par la secte pour déjouer la sécurité », estime Emmanuel Igah, directeur de la société de conseil Phobos international et spécialiste du Nigeria. Cette série avait même « poussé de nombreuses musulmanes à abandonner leur tenue traditionnelle, une sorte de hijab long, pour cesser d'être regardées comme des kamikazes potentielles », précise Libération.
Si les attaques suicides conduites par Al-Qaïda dans les pays du Golfe et au Proche Orient sont le fait d'hommes, le phénomène des femmes kamikazes n'est pas nouveau. Ainsi, au Sri-Lanka, des femmes terroristes ont été identifiées parmi les Tigres Tamouls. L'attentat qui tua le Premier ministre indien, Rajiv Gandhi, le 21 mai 1991, fut d'ailleurs perpétré par une kamikaze tamoule. Idem en Tchétchénie avec le phénomène dit des « Veuves Noires » avec la prise de contrôle, en 2002, du théâtre Doubrovka par dix-neuf femmes équipées de ceintures explosives. L'assaut des forces militaires russes avait fait 129 morts.
Or, si les « Veuves noires » avaient agi pour venger la mort d'un mari ou d'un père au combat, aucun élément ne permet, pour l'heure, de savoir si les kamikazes de Boko Haram ont perpétré ces attaques par adhésion à l'idéologie fondamentaliste du groupe terroriste. Les plus jeunes agissent, en tout cas, clairement sous la contrainte, comme Zahra'u Babangida, une adolescente de 13 ans, arrêtée le 10 décembre dernier à Kano avec une ceinture d'explosif accrochée au corps. La jeune fille avait déclaré aux autorités que son père l'avait cédée aux membres de Boko Haram qui l'auraient contrainte à se faire exploser.
« Lorsqu'on m'a dit que je devais mourir pour aller au Paradis, que je devais me faire exploser et mourir, je leur ai dit que je ne pouvais pas le faire », avait expliqué la petite Zahra'u Babangida au Nydailynews. C'est alors que les Islamistes l'avaient menacée et qu'elle avait accepté de se faire attacher une veste blindée d'explosifs. « J'avais peur qu'ils m'enterrent vivante », avait-elle ajouté.
L'insurrection menée par Boko Haram a déjà fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, depuis 2009.