« Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler », nous a donc fait savoir l’homme casqué que nous découvrions, ahuries, à la une d’un magazine people il y a deux semaines à peine, allant conter fleurette à une actrice lors que sa compagne officielle tentait désespérément de se faire une place dans l’emploi du temps surchargé, croyait-elle, de celui qu’elle soutenait déjà lorsque personne n'y croyait. Il en fallait beaucoup, pourtant, pour que le cas de Valérie Trierweiler émeuve un pays qui, depuis son faux pas vis-à-vis de Ségolène Royal, la femme qui l’avait précédée dans le cœur de son homme, ne pouvait plus encadrer cette « first girlfriend » jalouse et sans cœur.
Humiliée, hospitalisée et congédiée quelques dix-huit mois plus tard devant le monde entier, la seconde non-épouse aura finalement subi pire encore que celle qui avait prédit : « Qui a trahi trahira. » Quant à l’objet de leur cœur, notre don Juan en deux-roues, on ne peut pas dire que son attitude, dans une situation comme dans l’autre, fut finalement d’une classe folle. Muet face à Royal, qui avait finalement dû, seule, annoncer leur rupture en déplorant : « J'ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté, désormais étalée dans les livres et les journaux... », le roi de l’esquive pensait peut-être avoir fait montre de tact en sortant pour une fois de sa réserve lorsqu’il annonça, samedi, sa séparation d’avec Valérie Trierweiler, la « femme de sa vie », ainsi qu’il la présenta dans les colonnes de Gala il y a trois ans à peine.
Et pourtant, quelle maladresse dans ces dix-huit mots autocentrés – trois « je » –, cette redondance (partage-t-on une vie commune ?) et, surtout, la froideur sidérante de ce communiqué laconique dont on dirait qu’il annonce le départ d’un quelconque collaborateur n’ayant pas donné satisfaction ! Selon le Journal du dimanche, quand il se découvrit en photo casqué en une de Closer, le président, soudain plein de courage, décida de ne plus nier. « Je souhaite que tu partes », aurait-il alors demandé à cette femme qui partageait sa vie depuis huit ans.
Depuis, les femmes s’interrogent, à raison, sur l'homme qu’elles ont aussi élu pour « ce respect que François a pour les femmes – et pour les mères, en général, celle de ses enfants et celle que je suis », ainsi que le promettait Valérie Trierweiler dans les colonnes du Elle juste après son élection. L’histoire – la petite – aura finalement montré un homme sans affect, n’agissant que lorsqu’il est acculé, « répudiant » (le mot revient souvent sur les réseaux sociaux) cette concubine dont le nom fut tout bonnement effacé du site de l’Elysée quelques heures à peine après qu’elle fut congédiée et gracieusement ramenée à sa vie en Peugeot 508, en catimini un samedi soir avec ses deux-trois valises.
« Les femmes m’auront coûté cher », aurait confié Hollande à son entourage lorsque le « dossier Valérie » aurait finalement été bouclé, sans manifestement remettre en question sa propre attitude dans le traitement dudit « dossier » et l’humiliation que subit celle dont on s’étonne qu’elle n’ait pas été davantage protégée par son compagnon volage. Quant au sentiment qui est le nôtre, et celui de nombreuses Françaises choquées par la goujaterie hors d’âge de la part de ce président qui avait promis plus qu’un autre de donner aux femmes la place qu’elles méritent dans la société, c’est Karl Lagerfeld qui en parle le mieux, lequel déclare : « Vous ne pouvez pas faire cela à une femme avec qui vous avez passé de nombreuses années. Je pense qu'il est cruel et sans cœur. »
Le Keiser a parlé.