Greta Thunberg est au coeur des conversations. Suivie et admirée par beaucoup, critiquée par d'autres (la plupart du temps sur des bases d'arguments honteux qui visent son autisme et sa jeunesse), personne ne peut toutefois affirmer être étranger·e à la ferveur qu'elle dégage. Et surtout pas Bernard Pivot. Ce mercredi 25 septembre, au lendemain du discours poignant de l'activiste écologiste au sommet sur le climat de l'ONU - qui accusait notamment les chef·fes d'Etat de "trahison" - le président de l'Académie Goncourt a décidé de donner son avis sur la jeune fille.
Il s'est ainsi fendu d'un tweet perturbant, qui a rapidement suscité la polémique : "Dans ma génération, les garçons recherchaient les petites Suédoises qui avaient la réputation d'être moins coincées que les petites Françaises. J'imagine notre étonnement, notre trouille, si nous avions approché une Greta Thunberg...".
Des mots qualifiés de sexistes par de nombreux·ses internautes, qui notaient à la fois la sexualisation des femmes - et d'une enfant de 16 ans - dont a réussi à faire preuve le journaliste en quelques lignes, mais appuyaient surtout le fait que Greta Thunberg soit mineure. Et que de tels propos renvoyaient également de lui une image de "gros dégueulasse", comme le décrit un abonné.
Interrogé par Libération sur la question, Bernard Pivot affirme qu'il ne retirera pas son tweet des réseaux sociaux, et ce malgré les dizaines de demandes. "Je ne vais pas le supprimer. Il y a des gens qui ne l'aiment pas, mais il y a aussi beaucoup de gens qui l'aiment", indique-t-il. Plus tard dans l'interview, il donne quelques explications quant à la raison de sa déclaration. Et de saluer "l'audace" de Greta Thunberg.
"Ce que je veux dire, c'est que je connais beaucoup de gens qui ne sont pas autistes, et qui n'auraient pas le cran, l'audace de monter à la tribune de l'ONU, comme Greta Thunberg l'a fait. Simplement, dans ma génération, on courait plutôt les petites Anglaises ou les petites Suédoises, à tort ou à raison... J'imaginais l'adolescent que j'étais se retrouver en face de cette jeune fille. J'aurais été déboussolé, j'aurais eu la trouille".
La trouille de quoi exactement ? Il poursuit : "Elle aurait été française, allemande ou australienne, ç'aurait été la même chose. Cette jeune de 16 ans est d'une maturité, d'une violence étonnante. Dans ma génération, il n'y avait pas de jeunes filles, ou même de jeunes garçons, comme ça." C'est ce qu'on appelle tenter de se rattraper aux branches.