Des violences et humiliations de la part de l'université Paris Descartes et de son service médical, subies depuis quatre ans déjà. C'est ce dont témoigne Julie, 31 ans (un prénom d'emprunt, l'étudiante voulant rester anonyme) sur le média en ligne Médiapart. Atteinte d'une longue maladie et d'une insuffisance rénale, sous oxygénothérapie permanente, cette étudiante en Master 2 de droit aurait subi de nombreuses violences.
"Véritable calvaire, "discriminations" et "harcèlement moral" sont des termes qui reviennent volontiers dans la bouche de celle qui souhaite devenir avocate. L'équipe médicale de l'université serait allée "jusqu'à menacer de débrancher sa bouteille d'oxygène" (qu'elle porte avec elle quotidiennement), relate l'enquête. L'étudiante a également été la cible de moqueries et insultes diverses de la part de certains soignants.
L'université n'aurait quant à elle jamais vraiment pris en compte les difficultés qu'a pu rencontrer la jeune femme afin d'obtenir des aménagements pour passer ses examens correctement suivant sa situation, "une obligation pourtant légale", rappelle le site d'informations. Un témoignage accablant.
Parmi les abus énoncés se côtoient difficultés d'aménagement (l'université ayant insisté pour que l'étudiante passe ses épreuves à l'hôpital, alors que cette dernière souhaitait les passer à la fac, "mais en ayant plus de temps pour composer" : l'université ne l'autorisera finalement pas à passer les épreuves prévues en septembre) et propos violents, comme ceux, rapportés par plusieurs témoins, de la directrice de l'IEJ (l'Institut d'études judiciaires de la faculté) Clothilde Grare-Didier, qui lors d'une réunion d'enseignants aurait déclaré à propos desdits aménagements : "Si elle claque, moi je fais quoi ?". Puis : "On ne sait même pas si c'est vrai, cette histoire de maladie".
"Cela n'avait pas de sens, il n'y a qu'à voir Julie pour savoir qu'elle est dans un état assez critique", a témoigné l'un des participants de cette réunion auprès de Médiapart. Un autre approuve : "Je n'ai pas compris pourquoi la directrice ne croyait pas que Julie était malade. Elle est sous oxygène, c'est visible, et elle avait des hémorragies et des malaises réguliers. Les pompiers venaient plusieurs fois et je pense que l'administration était agacée par le fait d'avoir à gérer tout ça".
Enregistrements à l'appui, l'étudiante en droit rapporte également des menaces (comme celle de l'ancien président de l'université Paris-Descartes, Frédéric Dardel, qui aurait prévenue Julie "d'une éventuelle action en justice contre elle pour diffamation non publique"), mais aussi des moqueries et propos insultants, notamment de la part de secrétaires médicales officiant pour le service de médecine préventive de l'université ("Tu fais quoi l'année prochaine ? Parce qu'il va falloir se mettre à bosser un peu", "J'arrête le boulot si j'ai que des 'cassos' comme ça", une autre la traitant encore "d'enfant sauvage à qui on a toujours tout permis à cause de sa maladie").
Mediapart conclut son enquête : "Si l'université conteste toutes les accusations, une enquête du Défenseur des droits [qu'elle avait saisi en 2018, ndlr] établit clairement que Julie a fait l'objet d'une discrimination en raison du handicap".