Dans le film La fête des mères, sorti en 2018, de Marie-Castille Mention-Schaar, Audrey Fleurot incarnait... la présidente de la République. Elle était aussi mère d'un nourrisson et se posait beaucoup de questions à propos de la maternité en général. Un sentiment que l'actrice connaît bien, confiait-elle au HuffPost à l'occasion de la sortie du film, puisqu'elle a elle-même vécu une période particulièrement difficile à la naissance de son fils, en 2015.
Un témoignage tout aussi important quatre ans plus tard, alors qu'elle rempile avec le rôle de la mère célibataire Morgane dans la série à succès HPI, dont la saison 2 est diffusée sur TF1 depuis le 12 mai.
"Il se trouve que moi, après avoir énormément désiré mon fils, j'ai fait ce qu'on appelle un gros baby blues", racontait-elle. Un "gros baby blues" qui, à croire les symptômes décrits par Audrey Fleurot, serait plutôt une dépression post-partum.
La comédienne explique cette phase douloureuse par l'impression de ne pas s'être suffisamment "préparée" à devenir mère, notamment parce que sa grossesse s'est déroulée sur deux tournages. "Je n'ai pas eu le temps de me regarder le ventre", se souvenait-elle. "Neuf mois, c'est le temps que ça prend pour se faire à l'idée. Et comme je n'ai pas eu le temps d'en profiter, je pense que ça m'a pris les neuf mois qui ont suivi."
Et puis, il y a les tabous, et les injonctions à une maternité forcément merveilleuse et épanouie dont les conséquences sont dramatiques, et qu'elle dénonce encore aujourd'hui. "On nous donne l'impression qu'une fois que vous accouchez, un lien immédiat se construit. Mais pas du tout. Vous êtes face à un élément étranger que vous allez devoir apprivoiser autant qu'il doit vous apprivoiser, vous." Un sentiment qui parlera à nombreuses, sans aucun doute. Et qui la pousse à culpabiliser ainsi qu'à être sûre d'"avoir foiré la première impression" qu'elle aurait donné à Lou, son petit garçon.
Audrey Fleurot poursuivait : "Soudain, la vie de cette personne est complètement entre vos mains. C'est terriblement angoissant. Si vous ne vous en occupez pas bien, il meurt." L'actrice se remémore s'être sentie complètement désemparée. Plusieurs fois, elle s'est enfermée seule pour pleurer. Elle se disait : "J'ai fait la plus grosse erreur de ma vie, je ne vais pas y arriver toute seule", et trouvait des excuses pour éviter de s'en occuper de crainte de lui faire du mal.
Trois ans plus tard, au moment de l'entretien, elle allait beaucoup mieux, grâce à un traitement hormonal de substitution qu'elle a mis du temps à trouver, la faute à un manque d'information général auprès des jeunes mamans. "Si on m'avait plus tôt que ce n'était pas de ma faute, que c'était un coup des hormones, que je n'y pouvais rien et qu'il fallait que je prenne un traitement pour me recadrer, j'aurais perdu moins de temps", estimait Audrey Fleurot.
Elle alerte justement à ce sujet, et encourage vivement les personnes concernées par ces symptômes à communiquer. "Tu te rends compte que c'est tout à fait courant. C'est quelque chose auquel vous ne pouvez rien, c'est complètement organique." Et de conclure : "Le lien, lui, se fait au quotidien. Finalement tu te rends compte que ton bébé n'est pas mort, que tu ne t'en sors pas si mal. Tu prends confiance."