Les femmes sont les premières victimes des écarts salariaux. Tout particulièrement lorsqu'elles deviennent mères. Un sujet sur lequel s'est récemment penché l'Insee, qui a étudié l'impact de l'arrivée d'un enfant - ou plus - sur le salaire des femmes dans le secteur privé.
Résultat ? Cinq ans après l'arrivée d'un premier enfant, les femmes ont perdu en moyenne 25% de leurs revenus par rapport au salaire qu'elles auraient dû toucher si elles n'étaient pas devenues mères, rapportent les conclusions de l'Insee, parues le 10 octobre dernier. Un phénomène qui s'accentue avec l'arrivée d'un second puis troisième enfant, cet écart s'élevant alors respectivement à 50% et 57%.
Les femmes percevant les plus bas salaires sont les premières victimes de ce phénomène. Pour elles, la perte de revenus s'élève à 38% cinq ans après l'arrivée d'un premier enfant, contre 25% en moyenne. A contrario, les plus hauts salaires ne sont quasiment pas impactés par le fait de devenir mères.
Les hommes eux aussi ne voient pas leurs revenus diminuer suite à l'arrivée d'un ou plusieurs enfants. Au contraire, cinq ans après la naissance de leur premier enfant, les hommes aux revenus les plus élevés perçoivent en moyenne un salaire 17% supérieur que s'ils n'avaient pas eu d'enfant. Une différence de traitement qui confirme, selon l'Insee, "les écarts de trajectoires entre les femmes et les hommes" dans le milieu professionnel.
Des différences de trajectoires qui s'expliquent par le fait, qu'aujourd'hui en France, les femmes sont encore bien souvent celles qui réduisent ou arrêtent leur activité professionnelle pour s'occuper de leur(s) enfant(s). Tout particulièrement lorsqu'elles touchent un faible salaire, qui couvre à peine les frais de garde de leur(s) enfant(s).
Pour l'Insee, "les cessations définitives, les interruptions temporaires et les réductions d'activité (passages à temps partiel) expliquent l'essentiel de cette baisse". Un constat qui résulte, pour l'institut, davantage d'une "décision des ménages plutôt qu'une discrimination de l'employeur".
Une double peine pour les femmes qui, avec ou sans enfant, restent aujourd'hui moins rémunérées que les hommes. Pour rappel, les femmes sont encore aujourd'hui payées en moyenne 25% de moins que leurs collègues masculins, tous postes confondus. Un constat affligeant en 2019.